On ne le sait plus guère, mais Adolf Busch fut un compositeur de première force. Elève de Fritz Steinbach à Cologne, ce sera pourtant Ferruccio Busoni qui aura une influence déterminante sur ses talents de créateurs : ils formèrent un duo ensemble, mais Busch admirait autant le compositeur que le pianiste. Busoni lui fit partager sa fascination pour la Nouvelle Ecole de Vienne comme pour les autres courants modernistes qui firent la vie musicale berlinoise si foisonnante durant l’entre-deux guerres. Sur ce nouveau monde de la musique germanique, l’ombre de Max Reger, disparu prématurément le 11 mai 1916 en laissant un œuvre immense, étendait ses abondantes polyphonies, ses audaces harmoniques, son écriture revivifiée par le retour à Bach. En offrant aujourd’hui le cœur de sa musique de chambre, le Trio Ravinia et l’alto d’Ulrich Eichenauer rendent au concert européen de la première moitié du XXe Siècle trois sombres splendeurs. Les deux Trios sont placés sous le signe du Brahms tardif, écrits serrés mais amples, et produisent une sourde tension dramatique, préférant toujours le motif à la mélodie, emplis de surprises harmoniques, alors que le Quatuor avec clavier de 1945, écrit à l’invitation d’Elisabeth Sprague-Coolidge, Busch s’étant exilé aux Etats-Unis, sonne tel un savant jeux de formes néo baroques, musique d’un raffinement inouïe et d’un geste rayonnant où surgit le grand art réthorique de Max Reger (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Célèbre comme violoniste et fondateur du légendaire quatuor Busch, Adolf Busch fut aussi un compositeur assez prolifique. Ce double album le présente comme auteur de musique de chambre, du premier trio écrit juste après la première guerre au vaste quatuor (opus 59 !) composé aux Etats-Unis après la seconde. On y découvre un musicien talentueux, qui met ses pas dans ceux de Brahms et Reger, d’où un style très dense, voire parfois compact, mais non dénué d’inspiration et reposant sur une technique d’écriture évidemment magistrale. Rien qui vienne bouleverser notre connaissance de la musique du XX° siècle certes mais un éclairage enrichissant sur une des grandes figures de la musique allemande de l’entre deux guerres pour qui, tout comme pour son contemporain Furtwaengler, l’acte de l’interprète n’était pas dissociable de celui du créateur. Comme toujours chez CPO, les interprètes sont impeccables et jouent ces raretés avec le même engagement qu’ils mettraient aux pages de Beethoven ou de Brahms. (Richard Wander) We encounter Adolf Busch as a violinist and the leader of the Busch Quartet on record albums and CDs. His recordings of compositions such as Bach’s Partita in D minor, Beethoven’s Violin Concerto, the string quartets of Beethoven, Schubert, Brahms, and Reger, and the piano trios of Brahms and Schubert are legendary. However, Busch not only was the leading German violinist between the two world wars but also a composer who compiled a catalogue of more than a hundred works. The Ravinia Trio now turns to his trios and piano quartet. The difficulties of the violin parts in both tonally beautiful and formally refined piano trios call for a well-versed violinist like Adolf Busch himself, and for the piano part of the much later quartet the pianist had to be just as familiar with classical music and with the more recent music of Reger, Schönberg, and Busoni as the young Rudolf Serkin then was. Busch’s late works, including the quartet, have acquired a greater microstructural logic – such as had long been a matter of course in Arnold Schönberg’s music – though Busch never adopted Schönberg’s atonal musical language.
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