Un érudit, traducteur de tout Shakespeare en néerlandais, l’ami de Mengelberg et surtout l’admirateur de Mahler, dont il fut proche. Cela aurait pu suffire. Mais non, Alphons Diepenbrock se voulut compositeur. Il fut rien moins qu’un génie et demeure le trésor le plus méconnu de la musique hollandaise post-romantique, inspiré par Hölderlin, maitre d’un orchestre savamment composé dont l’imaginaire devait justement beaucoup à Mahler, mais à celui de la 9e Symphonie et du Chant de la terre. Les trois suites pour le théâtre que regroupe ici Antony Hermus ne sont pas la part la plus connue de son œuvre, mais comment ne pas admirer leur orchestre narratif si splendidement écrit, d’autant que les Bamberger Symphoniker en font tout entendre. Ces opéras sans voix –Elektra qui ouvre le disque est saisissant de bout en bout, surtout dessiné de la sorte – n’ont jamais cessé de me facsiner depuis que je les ai découvert par le disque grâce aux enregistrements du regretté Hans Vonk qui les dispersait sur plusieurs albums. Regroupés ici, si admirablement emportés, ils font regretter l’opéra que ce génie méconnu n’aura jamais écrit (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Estimé par Mahler et Strauss, défendu par Mengelberg, Alphons Diepenbrock est l’un des compositeurs hollandais les plus marquants du début du XX° siècle. Sa musique d’un grand raffinement emprunte à la fois au post-romantisme germanique, en particulier dans ses magnifiques mélodies avec orchestre, et à l’impressionnisme français pour la subtilité de son orchestration. Ce nouvel album de CPO réunit trois partitions inspirées par l’antiquité ; non pas véritablement des poèmes symphoniques, mais une ouverture brillante pour les oiseaux d’Aristophane (1917), et deux vastes suites symphoniques pour les pièces Elektra et Marsyas, commandes de musique de scène datant de la dernière année de la vie de Diepenbrock (1920). Nous sommes loin de la vision sauvage de l’antiquité de Strauss et Hoffmanstahl dans le doux climat de ces pages d’une rare finesse d’écriture. Le magnifique orchestre de Bamberg, l’une des grandes phalanges germaniques, met sa sonorité chaleureuse au service de ce style qu’on pourrait qualifier sans exagération de symboliste. Il est mené de main de maître par l’excellent Antony Hermus qui, de disque en disque, s’affirme comme l’un des meilleurs espoirs de sa génération. Une belle découverte. (Richard Wander) Many of those who listen to our latest Diepenbrock CD will be very surprised to learn that this Dutch composer never was trained professionally as a musician. He was a philologist and taught the Greek and Latin languages and in the philological disciplines. For this reason Diepenbrock might be described as an amateur, but in reality he numbered among the best Dutch composers of his times. Nevertheless, he learned mainly from experience and read as many books as he could about music history and music theory. In addition, he of course attended the Concertgebouw performances whenever he had the opportunity to do so. One of the fields in which he was especially interested was the theater and above all the great classical tragedies. Here his career as a classical philologist and his calling as a composer complemented each other. During the last tens years of his life Diepenbrock composed five incidental works, for Marsyas (1910), Gijsbrecht van Aemstel (1912), The Birds (1917), Faust (1918), and Elektra (1920). In these stage works he endeavored to combine the music in various ways with the theatrical elements of dance and recitation. Nietzsche’s discussion of The Birth of Tragedy from the Spirit of Music (1872) was one of his sources of inspiration. The critics frequently agreed that Diepenbrock’s music had more character and appeal than the dramas concerned – or at least the translations and adaptations of them that were available to him.
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