 Compositeur autrichien exilé aux États-Unis dans les années 1930, Korngold devint un important compositeur pour Hollywood tout en continuant d’étoffer son riche catalogue de musique de concert. Réutilisant des thèmes de ses musiques de film, dans un style néo-classique aux allures romantiques, le lyrisme touchant, lumineux ou glorieux de son Concerto pour violon (1945) est rendu par un ample discours orchestral et un violon brillant à l’agilité chantante et virtuose. Compositeur hongrois, Rozsa s’exila également à Hollywood dans les années 1940. Avant tout connu pour ses musiques de film, il écrivit aussi de la musique de concert dans différents genres. Le caractère conquérant marqué de variations et d’accentuations rythmiques, la virtuosité agile d’un violon pouvant se faire tendre et lyrique, les tensions harmoniques et la riche orchestration participent à la richesse expressive de son Concerto pour violon (1954) dont certains thèmes seront réutilisés pour une musique de film ultérieure. Bernstein est un digne représentant de la musique américaine. Sa “Sérénade” (1954) pour violon, orchestre à cordes, harpe et percussions déploie un langage élaboré et narratif associant vigueur, lyrisme sentimental ou dramatique, accents de modernité savante et allusions stylisées au jazz pour finir. Dans les “Danses Symphoniques” (1960) du célèbre “West Side Story” s’expriment sentiments amoureux et rythmes dansants énergiques aux contrastes saisissants et colorés. Les prises de son distinctes pour chaque CD sont quelque peu déroutantes ; le premier bénéficiant d’un agréable relief, le deuxième étant plus neutre avec un orchestre lointain et par conséquent un peu fade par rapport aux couleurs chamarrées des œuvres. (Laurent Mineau)  Heifetz se fit le champion des deux concertos réunis ici par Baiba Skride : son archet voluptueux et brillant se glissait dans l’un comme dans l’autre avec une évidence telle qu’on n’avait pas le sentiment qu’il les jouait, mais plutôt qu’il en respirait les musiques. Il les aura enregistrés, fixant des standards dont la jeune violoniste lettone entend bien se déprendre. Son Korngold est lyrique certes, mais une tension sourde refuse qu’il soit brillant, dans l’opus de Rozsa elle appuie les hungarismes, fait fuser son archet avec par instant une âpreté qui évoque sans fard l’univers du Second Concerto de Bartók (qu’elle vient d’ailleurs d’enregistrer), l’entendre dans ces deux opus montre à quel point son violon modeste sait imaginer son propre monde – la cadence du premier mouvement du Rosza, désolée, serait celle d’un violoneux en exil, quasi amère. L’autre face du double album est moins heureuse : la Sérénade de Bernstein veut un violoniste prophète, et un monstre de virtuosité, Stern, Kremer, l’auront prouvé. Skride lit la partition avec une fidélité absolue, mais il lui manque la puissance, dans la méditation comme dans l’envol. Alors au rayon Bernstein, remboursez-vous avec les épatantes Danses symphoniques de West Side Story : Santtu-Matias Rouvali les dirige non pas comme de la musique de divertissement, mais comme une toute grande partition du XXe Siècle. Surprenant et pour le fini de la mise en place aussi formidable que tous les accompagnements qu’il aura si parfaitement réglés au long de cet album. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

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