Avant même qu'il devînt fashion de sauter comme un cabri sur son tabouret de virtuose, d'une scène mondialisée de concert à l'autre, en s'écriant l'Europe ! l'Europe ! on pouvait, en ce merveilleux plein du 19ème siècle, être comme on respire l'élève de John Field à Moscou tout en étudiant le piano à Vienne avec Thalberg. Se produire à Paris avec son compatriote Chopin, vivre beaucoup à Londres, puis partir en tournée dans le monde entier, des Etats-Unis aux Philippines. Se laisser titrer chevalier pour le plaisir, s'inventer l'unique élève de Beethoven pour la gonflette. Produire plus de quatre-cents œuvres après avoir pressé le jus natif d'une famille de cinq enfants tous musiciens, et d'un père lui-même violoniste. Faire le bachibouzouk se cachant les mains sous une couverture en plein récital pour mieux affoler son clavier à l'aveugle, mais sans un seul canard (dégurgitant son parapluie sous l'offense, le très austère chef néo-zélandais Alfred Hill en démissionna de son poste !). Préfigurer pour ainsi dire la bande-son de Tintin au Congo avec ce fameux Réveil du lion pour quatre pattes, pardon pour quatre mains. Bref, s'appeler alors Antoni Katski (comme tout le monde, aurait objecté Erik Satie) et, par ce pianiste polonais du Connecticut nommé Dobrzanski, être aujourd'hui servi en parfaite adéquation, et pas seulement à cause de la rime. Musique qui, plus que copieusement salonnarde, atteint parfois son état d'émotion presque personnelle (valses et mazurkas, de lui aussi, mais ici surtout des méditations quasi mendelssohniennes sur la solitude). Demeure néanmoins béante l'impalpable injustice de ces presque rien et je ne sais quoi qui, d'Antoni à Frédéric, fait l'impitoyable différence entre le joli faiseur Katski et le foudroyant génie d'un Chopin. C'est aux portes de l'éternité le mystère insoluble et malicieux de notre bonne amie la musique au fin bonnet de dentelle, qui se tiendra toujours là sur le seuil de la grande bascule, sourire en double coin à la Joconde. Ou bien c'est celui très énigmatique d'un ange rémois. (Gilles-Daniel Percet) Antoni Katski was born in Kraków, Poland. He took his first piano lessons from his father, an amateur violinist. It is believed that Katski was a student at the Main School of Music in Warsaw. His piano and composition studies with John Field in Moscow in 1829–1930 are better documented, as they were reportedly arranged by Tsar Nicolas I himself. The young musician continued his education at the Vienna Conservatory with the celebrated pianist Sigismond Thalberg, himself a student of Ignaz Moscheles. In Vienna, Katski also studied composition with Simon Sechter. Later in his life, Katski repeatedly advertised himself as the only surviving student of Beethoven’s, with whom he supposedly undertook composition studies when he himself was just ten years old. Antoni Katski came from a family of very talented musicians. His brother, Karol (1813–1865) was a violinist and a composer, brother Apolinary (1824–1879) was a violinist, a student of the Paganini, founder and director of the Warsaw Institute of Music. His sister Eugenia (b. 1816) was a singer. His brother Stanislaw (1820–1886), was a pianist and a composer. Apolinary’s daughter, Wanda Katska, was an excellent pianist, while her brother Zygmunt was an excellent cellist.
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