Comme Isabelle Faust, Alina Ibragimova n’hésite pas à troquer les cordes de fer pour celles en boyaux lorsqu’il lui faut se mesurer à Bach. Dans l’équilibre léger et fluide que lui offre Arcangelo et dans les tempos ondoyants de Jonhatan Cohen, elle prend le risque. Gain les couleurs, perte, les phrasés qui ne trouvent jamais leur tension, se dispersent dans des guirlandes d’apartés et d’ornements. Cela est déstabilisant au possible, d’autant plus que l’Anselmo Bellosio jouée déjà dans son intégrale des Sonates et Partitas ne parvient pas, ainsi monté, à rayonner. Mais évidement cette relecture drastique, dont le propos est dicté d’abord par les moyens plutôt que par la volonté, aura ses défenseurs, dont vous peut-être. En fait, il faut persévérer, à la troisième écoute le discours léger devient urgent, les afféteries se font syntaxe, l’esprit de la danse s’invite, mais le son toujours ingrat de ce violon sans dynamique continue d’irriter. Les limites de l’expérience seraient-elles atteintes? (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Les quatre concertos pour violon de Bach ont des origines diverses, parfois conçus pour hautbois ou pour clavecin ils ont été recréés pour le violon par Bach, car il arrivait fréquemment à ce dernier de diriger de l'instrument. Si leur conception est hérité du modèle vivaldien : deux mouvements allegro (assai ou moderato) encadrant un adagio un larghetto ou un andante, Bach en fait des monuments du genre concertant, tout comme les Brandebourgeois, livrant la somme de son génie jusque dans la moindre œuvre de commande. L'art du contrepoint y est en excellence, tout comme la somptuosité des climats. La danse y côtoie la mélancolie, exprimée toujours avec la joie profonde et spontanée d'une création impérieuse et continue. L'ornementation y joue un rôle majeur et l'interprétation donne facilement la primauté au soliste, négligeant les nuances de la partie orchestrale. C'est souvent le cas pour les versions historiques (Oïstrakh, Menuhin..etc). Depuis les baroqueux ont rétablis l'équilibre (les versions déjà anciennes de Huggett – Koopman, Standage / Pinnock). Les solistes n'hésitent plus à se fondre dans un orchestre (parfois sans chef) où les lignes polyphoniques sont mises en valeur et la dynamique globale bien plus naturelle (cf les versions plus récentes Hilary Hahn ou Julia Fisher). Dans ce disque publié par Hypérion, la toute jeune Alina Ibragimova reprend le flambeau. Suite logique de son enregistrement des Sonates et Partitas qui avait émoustillé nos confrères d'outre manche. Alors que son jeu semblait convaincant dans les pièces solistes qu'elle exécutait avec une maitrise stupéfiante ; ici, celui-ci se vide de toute sa sève originelle et semble perdre plus d'une fois le fil de sa ligne. Le chant s'égare et les nuances dynamiques sont floues. La faute à un orchestre routinier (l'Arcangelo) et à la direction d'un chef (Jonathan Cohen) trop peu définie (ou visionnaire ?). Dommage : Mlle Ibragimova méritait mieux. (Jérôme Angouillant) Les concertos pour violon de Bach représentent l’apogée du style baroque et, sous les doigts miraculeux d’Alina Ibragimova et de l'ensemble Arcangelo, ils n’ont jamais si bien sonné. Alina Ibragimova a récemment subjugué l’audience des BBC Proms avec ses performances solo de Bach. De retour au studio, elle fait équipe avec Arcangelo pour l'enregistrement de cinq concertos pour violon de Bach, dont deux sont d’incontestables chefs-d'œuvre et les trois restants, de possibles reconstitutions. Ils sont tous de véritables joyaux. Alina Ibragimova recently transfixed Proms audiences with her live solo Bach performances. Back in the studio she has teamed up with the expert Arcangelo to record five Bach Violin Concertos, two undisputed masterpieces and three probable reconstructions: all to be treasured.
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