Automne 1950, Josef Mertin, versé depuis les années trente dans la pratique des musiques anciennes vocales et instrumentales, qui deviendra un pédagogue recherché (Zubin Mehta et Claudio Abbado figureront au nombre de ses élèves), enregistre pour Supraphon ce qui constituera la première gravure un tant soit peu historiquement informée des Concertos Brandebourgeois. Parue discrètement à la fin de l’année 1951, distribuée essentiellement à Vienne et à Prague, elle ne provoqua guère d’écho, tant et si bien qu’en voici la première réédition depuis la parution originale. La disparition de Nikolaus Harnoncourt, et les souvenirs toujours vifs de cette première expérience qu’en garde son épouse Alice, en auront certainement favorisé le report en compact disc. Enregistrement absolument historique, fascinant jusque dans ses imperfections, il documente la naissance du renouveau baroque à Vienne tel qu’il se sera cristallisé à la fin des années quarante, affichant parmi ses musiciens Eduard Melkus, Alice et Nikolaus Harnoncourt, la magnifique flutiste à bec Elisabeth Schaeftlein et un jeune homme à l’élégance déjà ascétique fraichement débarqué d’Amsterdam, Gustav Leonhardt. Toute cette jeunesse ébroue un surprenant soleil dans le cahier le plus festif jamais écrit par Bach. A plein effectif, la masse peine à se démarquer du Bach qu’on fit toujours à Vienne, moins droit qu’à Berlin, mais un peu trop lâche de son et d’articulation, mais lorsque l’ensemble s’allège, la magie des couleurs, une certaine vivacité des accents, paraissent, malgré une technique de jeu encore prisonnière de la tradition. Peu importe, les timbres y sont, et lorsque le 5e Concerto parait, élégant et preste, le clavecin de Leonhardt donne le tempo et soudain Eduard, Alice, Elisabeth (magnifique de bout en bout ici) et Nikolaus jouent d’un seul geste, respirent à égalité. Moment magique, où soudain l’avenir se forme sous nos yeux (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Within a short time, early music enthusiasts had to say their farewells to two personalities who, for half a century, influenced the development of what we call the authentic interpretation of early music: Gustav Leonhardt and Nicolaus Harnoncourt. In 1950 Supraphon made a complete recording of Bach’s Brandenburg Concertos performed by a chamber ensemble led by a musician of Czech origin, Josef Mertin (1904–1998). A scholar and organ builder as well, he relentlessly “dusted” the works of composers from the previous centuries (including Guillaume de Machaut), stubbornly seeking the way to give their music its authentic sound. The names of his pupils who took up his legacy make an impressive list that includes Claudio Abbado, Mariss Jansons and Zubin Mehta. Mertin has managed to win a number of students for the interpretation of early music on period instruments, among them musicians without whom we can hardly imagine the field nowadays. The Brandenburg Concertos were performed by an ensemble whose members were the 22--year--old cembalist Gustav Leonhardt (playing the solo in Concerto No. 5), a rising violin star Eduard Melkus and a year younger violoncellist Nicolaus Harnoncourt. It was the first time that a chamber size of the ensemble and period instruments were used. Hopefully, listening to the recording will convince you that it is more than just a historical document. As far as Mertin and Harnoncourt are concerned, this unique recording is also a proud reminder of their Czech roots.
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