N’attendez pas de Hans-Christoph Rademann une Messe en si radicale et explosive comme tant ont paru ces dernières années. Sa révolution est plus discrète, vous la trouverez dans le Kyrie et le Gloria où le chef dévoile les "parties de Dresde", réalisées par Bach lui-même comme le prouvent les autographes. Hors cela, une lecture sereine, refusant la virtuosité et parfois l’expression au profit des lignes et des équilibres. Inutile de vous dire que le grand vaisseau de Bach rayonne, aussi bien dans les voix nacrées des Gachinger Kantorei que dans l’orchestre sans surcharge mais pas sans profondeur du Freïburger Barockorchester. A la première écoute, le geste pourra sembler univoque. Plus à la seconde, où le paysage s’anime de l’intérieur. Sommet, le Symbolum Nicenum, d’une clarté tendre, d’une souplesse agogique étonnante. Autre secret de cette version, un quatuor splendide, qui fait assaut de style, avec au sommet le mezzo ambré d’Anke Wondung pour un Agnus Dei hors du temps et le ténor tendre et éloquent de Daniel Johannsen. Ecoutez comment il modèle son Benedictus sur les ornements de la flûte. Edition parfaite, complétée par quatre bonus – dont deux chœurs alternatifs de la version de 1724 – et un DVD où Hans-Christoph Rademann explique sa quête de la "vraie" Messe en si (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Saluons la parution par Carus de ce coffret "deluxe" comprenant la Messe en si mineur BWV 232 de Jean Sébastien Bach par Hans Christoph Rademann assorti d'un DVD. Prévue pour être une messe luthérienne en deux mouvement conséquents (le Kyrie et le Gloria), l'œuvre va s'enrichir progressivement des épisodes suivants au fil de sa composition par l'ajout de morceaux composites (de nombreux fragments de cantates). Elle est devenue, bien plus qu'une messe, une cantate ou une passion (Bach n'utilise ni récitatif ni aria da capo), une somme synthétique des différents styles que le compositeur pratiqua sa vie durant et qui résume de façon éclatante les facettes de son génie. Adoptant un tempo modéré, la lecture d'Hans Christoph Rademann distingue la partie du tout. Elle privilégie les voix à la globalité du chœur. Les nuances dynamiques au souffle agogique. Comme une démonstration magistrale du professeur devant ses élèves, la règle vissée au tableau, le chef donne du somptueux édifice une vision clarifiée, palladienne, presque sans parti-pris discursif mais qu'on pourrait qualifier de "nouvelle objectivité" (bien loin des pionniers Leonhardt Harnoncourt, des réformateurs Rifkin mais plutôt dans la lignée des Herreweghe et Gardiner). Sur ce foisonnant plan d'architecture contrapuntique, le détail, la ligne sont surlignés. Tout sonne juste et allégé et pourtant, s'atteste tout au long de l'écoute, l'engagement et la tension scansion qui, peu à peu, en vagues, s'est propagée à l'ensemble des interprètes : de belles voix solistes, le Freiburger Barockorchester et le Gächinger Kantorei Stuttgart. Au final, une version brillante et moderne, nécessaire par sa volonté de traduire sans fioritures ni apprêts, la foi et la pensée du Cantor. En témoigne, le DVD bien réalisé (mais en allemand) qui montre Rademann " … auf der suche nach der wahren h-Moll Messe" annotant la partition originale à Berlin, le travail de répétition (instructif et divertissant) d'un chef perfectionniste avec le chœur, et un bel extrait de concert à Stuttgart où les musiciens se livrent corps et âme. (Jérôme Angouillant) The Mass in B minor by Johann Sebastian Bach is one of the central sacred vocal compositions in the history of music. Hans- Christoph Rademann has now devoted his first CD as director of the Internationale Bach akademie Stuttgart to this outstanding work and, together with the Gächinger Kantorei Stuttgart and the Freiburger Barockorchester as well as renowned soloists in the field of historically informed performance practice, has set new artistic standards. Although the Mass in B minor is one of Johann Sebastian Bach’s most frequently performed vocal works, it continues to present performers and scientists with new enigmas and problems. This applies not only to the still unanswered question of why Bach composed but never performed this work, but also continues to the core of the musical text. Until his death, Bach himself repeatedly revised his Opus ultimum without ever leaving a fi nal version. Directly after his death, the original manuscript was massively changed by his son Carl Philipp Emanuel; changes which, until today, pose many questions to researchers. The present new recording rigorously follows – in the Kyrie and Gloria – Bach’s own meticulously confi gured “Dresdner Stimmen” [Dresden parts] and is thereby based, for the fi rst time, exclusively on the musical text that emanated from Johann Sebastian Bach’s pen. Furthermore, additional movements with marked deviations from today’s familiar version have been made accessible as variants in the bonus material. The recording is based upon the new edition by the renowned Bach and Mozart scholar Ulrich Leisinger in cooperation with the Staatsbibliothek zu Berlin and the Bach-Archiv Leipzig, who also prepared the introduction in the CD booklet.
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