Bach Oratorio de Noël Richter Mühlemann Lehmkuhl Kohlhepp Nagy Rademann

L'Oratorio de Noël BWV 248 est un compendium du savoir-faire de Johann Sebastian Bach. L’œuvre composée entre 1734 et 1735 est un mélange de styles musicaux : français (la veine pastorale), italien (l'exubérance des airs), allemand (le caractère luthérien) mais aussi un recyclage d'arias et de chœurs de cantates profanes auxquels il rajoute de nouveaux récitatifs sans ruptures de style ni de sens. Bach travaille pour la postérité et prouve une fois de plus qu'il sait composer en toutes circonstances et allier quantité et qualité. L’œuvre est composée de six cantates qui retracent une seule histoire : la naissance de Jésus, de Bethléem à l'adoration des Rois Mages, répartie selon les fêtes de Noël. Ce nouvel enregistrement signé du chef Hans Christoph Rademann est un très bon cru. L'orchestre et le chœur, irréprochables, ont été rodés à l'écurie de la Bach-Akademie de Stuttgart. Exemplaire de rigueur et d'écoute, Rademann ménage ses tempi sans chercher l'égalité (les chœurs d'ouverture avec timbales et cuivres prit plutôt rudement pour s'assouplir ensuite avec l’entrée du chœur) avec l'objectif de faire respirer la musique (Sinfonia de la seconde partie, chœur « Falt mit Danken »), toujours attentif à l'articulation texte/musique (les chœurs avec récitatifs sont particulièrement soignés). Côté chanteurs, l'évangéliste (Sébastian Kohlhepp) qui va nous guider tout au long de cette période de Nativité, joint autorité et empathie dans ses récitatifs mais aussi dans ses arias : le « Frohe Hirten » avec flûte et le « Ich will nur dir zu Ehren leben » merveilleusement soutenu par un orchestre rebondissant. La basse (Michael Nagy) trémule légèrement (numéro 8 de la première partie) mais se rattrape avec le « Erleucht auch... » accompagné par un délicieux hautbois d'amour. . Même si elle déploie ses ailes d'ange, l'alto de Wiebke Lehmkuhl s'efforce de tenir la longueur du difficile « Schlafe main Liebster... » sans trop y parvenir, faute à un orchestre ici un peu routinier. En revanche, le Duetto soprano-basse au thème pastoral (troisième partie) témoigne d'une belle interactivité entre l'orchestre, les hautbois d'amour et les deux chanteurs. De même que le sublime Terzetto (cinquième partie) convoquant l'alto, la soprano et le ténor. Anna Lucia Richter défend mieux que sa consœur, Regula Muhlemann, sa partie de soprano dans la moitié des cantates (joli timbre, voix souple et lumineuse) notamment dans l'air en écho de la quatrième, dialogue entre l'âme du fidèle et son Sauveur lui répondant par Ja ou Nein. En bonus, Rademann nous gratifie du roboratif chœur original Tönet ihr Pauken de la cantate BWV 214 (reprise largement dans l'oratorio) qui témoigne de la même ferveur. Sonnez trompettes roulez timbales ! Un disque réjouissant qui prépare haut les cœurs la venue de Noël. (Jérôme Angouillant)