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Diapason de septembre 2018 Critique de Jean-Luc Macia Page n° 85
Format : 2 CD Durée totale : 02:27:20
Label : Channel Classics Référence : CCS39018 EAN : 0723385390183
Année d'édition : 2018 Date de sortie : 07/03/2018
Genre : Classique
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Johann Sebastian Bach (1685-1750) Sonate n° 1 en sol mineur pour violon seul, BWV 1001 Sonate n° 2 en la mineur pour violon seul, BWV 1003 Sonate n° 3 en do majeur pour violon seul, BWV 1005 Partita n° 1 en si mineur pour violon seul, BWV 1002 Partita n° 2 en ré mineur pour violon seul, BWV 1004 Partita n° 3 en mi majeur pour violon seul, BWV 1006
Ning Feng, violon (Stradivari, the "MacMillan", 1721)
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La discographie de ce monument de la musique occidentale est comme une forêt touffue : grands arbres vénérables (Milstein, Grumiaux…), lambeaux de forêt primaire (Kuijken, Holloway, Podger, Huggett), espèces florissantes (le multirécidiviste Tetzlaff, chaque fois couronné), et petites clairières lumineuses (Mullova, Shaham, Ibragimova... ou tant d’autres encore !). Mais on y rencontre aussi quelques individus suspendus seuls sur un rocher éboulé, dans un improbable équilibre (Kremer ?). Pour moi Ning Feng fait partie de ces derniers. Le violoniste chinois, surtout connu dans la sphère Pacifique, livre ici une version qui me paraît hors de nos repères occidentaux, centrée sur le son et la technique avec peut-être un rien de narcissisme. Pour parvenir à délivrer le son souhaité il adopte des tempi très lents pour les danses lentes, et accélère dans les danses rapides. On retrouve certains des minutages de l’enregistrement de Julia Fischer, mais la comparaison s’arrête là : l’art oratoire que notre tradition associe à cette musique semble dissout au profit d’une méditation à visée métaphysique qui parfois nous laisse sur le quai, auditeur perplexe, et parfois nous place dans un état semi-hypnotique (la Chaconne...). La musique alors ne parle pas, elle flotte comme la fumée d’une bougie qu’on vient d’éteindre : transparente et pourtant fascinante. Déconseillée à mon sens à qui voudrait découvrir l’œuvre, voilà une version singulière que ses familiers devraient absolument connaître. (Olivier Eterradossi)
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