Konstantin Lifschitz, jeune-homme, fit des débuts très remarqués au disque, en enregistrant les "Variations Goldberg" peu après avoir remporté avec elles son diplôme de fin d’études au Conservatoire Gnessin en 1994. Vingt ans plus tard, dans la si tendre acoustique de la Grosser Saal de la Musikhoschule de Würzburg il revenait à ce labyrinthe, le jouant dans une lumineuse sérénité. Clavier agile, main d’organiste qui timbre partout, toujours, que ce soit dans l’allégement ou dans l’éclat, c’est avec ces nouvelles Goldberg qu’il entamait pour Orféo un petit cycle Bach auquel se sont ajoutés récemment les Concertos pour clavier, j’y reviendrais. Le ton est intime, le discours fluide, c’est un cycle de confidences, d’apartés, qui fuit comme la peste l’idée du grand œuvre et montre dans les phrasés, les accents, la parfaite transparence des polyphonies, la volonté de rester dans le registre de l’intime. Est-ce pour cela qu’elles sonnent si sensibles, si naturelles, que rien n’y semble sollicité ? Au-delà de cette élégance des surfaces, s’impose progressivement la perfection de la structure, la rectitude des formes, la logique des discours, mais sans que jamais cela ne proclame contre la musique, contre sa poésie. Orféo aura bien eu raison de rééditer cette gravure où le génie d’un des pianistes majeurs de sa génération s’affirmait dans sa première maturité, qu’il nous rende les autres Bach, le Deuxième Concerto de Brahms que lui dirigea Dietrich Fischer-Dieskau, ce ne sera que justice alors qu’Alpha vient de faire paraître son intégrale des Sonates de Beethoven. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)
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