Je me demandais bien après son bel album Szymanowski si un jour prochain Baiba Skride viendrait au Deuxième Concerto de Bartók, l’y voici. Son archet rhapsode, la fantaisie de ses accents, ses timbres savoureux s’engagent en un vaste cantabile dans la grande pastorale sombre de l’Allegro ma non troppo, chantant dans l’ombre, avec raffinement, distillant cette nostalgie d’automne dont l’orchestre magique réglé au cordeau par Eivind Aadland avive encore les paysages dorés. Pas d’aspérité, mais un chant élégiaque que ce violon souple et élégant dispense sans aucune tension, préférant les sortilèges. Si la violoniste se surpasse, le chef n’est pas pour peu dans cette gloire, direction fluide, qui creuse le mystère avec élégance et fait entendre la grammaire subtile que Bartók aura mis à cette œuvre majeure, trop longtemps regardée uniquement comme un sommet de l’expressionisme musical de la première moitié du XXe Siècle : il fait surtout entendre la dispersion des timbres, le foisonnement morcelé de l’écriture, une certaine grammaire « Seconde école de Vienne » que Bartók avait alors faite sienne comme dans les Quatuors, et il faut porter ce disque aussi au crédit d’un chef trop rare qui nous a réinventé voici peu toute l’œuvre d’orchestre de Grieg (Audite, je vous en cause bientôt). Les deux Rapsodies sont fabuleuses – la première est donnée dans sa version originale, rarement gravée, Bartók y a écrit un des ses plus surprenant effet d’orchestre – par le ton de conte des Lassu, les danses cravachées, sauvages ou un peu ivres des Friss et là encore la fusion entre le violon et cet orchestre fabuleux au premier sens du terme suscite une sorte d’idéal sonore qui en transfigure le folklore recomposé. Mais j’y pense, puisque Eivind Aadland s’entend si bien l’Orchestre Symphonique de la Radio de Cologne, Orféo aurait-il la bonne idée de leur confier le cycle Bartók qui manque à son catalogue ? (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) For her eighth album on Orfeo, Baiba Skride presents a programme of works by the Hungarian composer Béla Bartók. In addition to his own instrument, the piano, the violin remained the most important instrument for Bartók throughout his life. This is probably due to the fact that, with its subtle versatility and traditional associations, the violin was eminently suited to his folk music transcriptions and adaptations. This new recording demonstrates Baiba Skride’s facility in conveying this special Hungarian atmosphere. She's supported by the WDR Sinfonieorchester under Norwegian conductor Eivind Aadland.
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