Depuis que le Premier Concerto est sorti de l’oubli, portrait vivant de l’amour de Bartók pour Stefi Geyer, il accompagne souvent au disque le grand concerto-ballade écrit vingt ans plus tard, couplage plus périlleux qu’il n’y parait : les violonistes sont toujours tentés de tirer le premier vers le second, ce dont Benjamin Schmid se garde bien , les distinguant au contraire comme deux mondes antithétiques : la pureté de la grande phrase qui ouvre l’Andante de l’opus posthume est désarmante par sa poésie venue d’un autre temps, alors qu’un ménétrier fait danser l’Allegro plus piquant que giocoso : quel caractère dans cet archet qui fait le vielleux, et comme l’orchestre champêtre persiffle avec lui. Œuvre heureuse à l’inverse du grand nocturne étrange qui emporte tout le Deuxième Concerto. Nocturne non pas moderniste comme tant de versions, mais empli de paysages transylvaniens, joués comme une pastorale nostalgique jusqu’à l’amer, avec au centre un Andante tranquillo qui n’est plus une plainte, mais une mélodie toute simple qu’un chevrier pourrait souffler dans sa flûte avant d’esquisser sur les spiccato une danse narquoise. Benjamin Schmid joue tout le concerto preste, sans s’appesantir, sans effet, cherchant les lignes fluides, les couleurs difractées par un jeu d’archet à la corde, fuyant le style déclamatoire que les virtuoses veulent y mettre, espérant briller à contrario de l’œuvre. Il le joue modestement, serrant le texte au plus prés, peu soucieux de produire du beau son, fidèle à la manière âpre de quatre interprètes historiques de l’œuvre, Zoltan Szekely, Tossy Spivakovsky, Max Rostal et André Gertler et dans le finale ardent, acide, fulgurant comme eux, avec sans cesse le soutien sans lourdeur d’un orchestre dirigé vif par Tibor Boganyi, qui joue comme il peindrait les paysages dans lesquels il vit. Album magnifique, qui saisit la vérité de ces deux œuvres. Schmid serait bien inspiré de nous donner les trois Sonates… (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Austrian star violinist Benjamin Schmid has a great reputation for his extraordinary broad repertoire, which besides lesser known works for violin also includes the jazz genre. In cooperation with the Pannonic Philharmonic Orchestra under the baton of Tibor Boganyi, Schmid now releases a recording of both violin concertos by Bela Bartok. Written in 1908, the first concerto Op. posth. Sz 36 remained lost due to his unfortunate admiration of and the handing over of the manuscript to a violinist until late after Bartoks death, and only was published in 1956. The violin concerto No. 2 Sz 112 was composed in 1937/38 and should become the last completed solo concerto before Bartok’s emigration to the United States. Here, the listener can from listening alone hardly tell that in addition to the typical “Hungarian” melodies, twelve-tone motives and even quarter tones can be found in the solo part.
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