Martin Rasch, pianiste et pédagogue estimé de l’autre coté du Rhin, est l’homme des cycles : il ne conçoit le concert qu’à la manière des anciens marathoniens du clavier, qui jouaient en des séries de concerts tout leur Bach, tout leur Beethoven. "Intégraliste", mais pas au sens de qui veut tout jouer pour tout jouer, mais de qui veut tout jouer pour embrasser d’un seul geste un domaine bien particulier, connu de l’intérieur, compris dans son intimité. Voila qu’Audite lui offre l’occasion de graver pour commencer toutes les Sonates de Beethoven qu’il aura présentées d’abondance sur les scènes allemandes. N’y cherchez pas les gestes inspirés des grands monstres sacrés, et pas plus les prospectives osées de ceux qui, après Schnabel, Kempff, Arrau puis Del Pueyo y auront aiguisé leurs claviers : non, Rasch, niant son patronyme, n’y est que mesure, jouant précis dans le texte et s’y incarnant en entier, quitte à paraître simple, de premier degré, ce qui, poursuivant l’écoute, embrassant tout le cycle, devient une vertu : partition en main , c’est le texte qui s’impose par delà l’interprète, lecteur parfait car absolument humble, d’aucuns liront « transparent », pourtant jamais fade. Il faut passer sur un piano de peu de couleur (l’instrument, le jeu ?), sur une pédale économe qui ne rêve jamais d’orchestre, sur un usage strict de l’instrument que parfois je regrette car Beethoven n’a pas écrit la Hammerklavier en excédant les possibilités de son piano pour rien. Mais il faut entendre, allez un seul exemple ! Comment Martin Rasch phrase, respire, modèle l’Adagio molto de la Waldstein, pour comprendre que tout ici est sensible mais n’entend pas d’abord se montrer. Sérieux, mais pas comme un Pape, sérieux par respect pur, ce que vous comprendrez à mesure en fréquentant cette intégrale sans esbroufe dont les limites mêmes (jamais techniques) participent de l’éthique (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) A Cosmos in Movement - Beethoven’s thirty-two piano sonatas: Worlds upon worlds, strange constellations, collisions, destruction and creation, coherent laws and mysterious forces. The cosmos of Beethoven’s piano sonatas is in movement, a “work in progress”. Beethoven internalized this revolutionary, dynamic new world view, and it also forms the basis for his creative aesthetic.
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