Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Sonate n° 8 en do mineur, op. 13 (Pathétique) (dédiée au Prince Carl von Lichnowsky)
Sonate n° 15 en ré majeur, op. 28 (dédiée au Conte Joseph von Sonnenfels)
Sonate n° 24 en fa dièze mjeur, op. 78 (dédiée à la Comptesse Therese von Brunsvik)

Igor Tchetuev, piano

Le jeune pianiste Igor Tchetuev, encore méconnu en France, poursuit son exploration des Sonates de Beethoven, après avoir ébloui par sa maîtrise dans un disque consacré à Alfred Schnittke. On la retrouve intacte dans ce deuxième volume où il interprète quelques-unes des sonates du compositeur allemand parmi les plus délicates : la Pathétique (n°8), la Pastorale (n°15), et la Sonate « A Thérèse » (n°24), les deux dernières étant notamment d’une grande versatilité dans les caractères. Le Beethoven d’Igor Tchetuev, si jeune soit cet interprète, étonnera tout d’abord par son absence d’intrépidité, de force ou de violence. Tchetuev a trouvé, lui, une autre voie pour toucher, émouvoir : la rêverie solitaire et langoureuse, l’extase intérieure, sans pour autant oublier la puissance architecturale de ces chefs d’œuvres. Ici, en particulier, la Pastorale annonce radicalement le lyrisme noir et désabusé, la poésie tragique des dernières Sonates de Schubert (Sonates D 894, D 959). Igor Tchetuev séduira aussi immanquablement par un toucher d’une pureté cristalline, magnifiée par une prise de son excellente, d’une grande plénitude. Un disque assez fascinant, indispensable selon moi, pour qui veut découvrir un véritable musicien d’aujourd’hui, et ceci dans un répertoire hanté entre autres par l’exigence poétique d’un Claudio Arrau, ou la douceur suggestive d’un Wilhelm Kempff. Etonnant ! Votre curiosité sera indéniablement récompensée… (Pierre-Yves Lascar)