L’unique concerto que Dvorak écrivit pour Hanus Wihan (qui renonça à sa création laquelle fut assurée par Leo Stern) est le graal des violoncellistes, d’une exigence technique folle mais d’une inspiration absolue, il les contraint à la transcendance. Marc Coppey n’échappe pas à cette règle, il s’engage dans l’œuvre avec une intensité, une furia, quelque chose de précipité et de quasiment à court de souffle qui dès les premières pages saisit. Cette urgence lyrique, cet appassionato inextinguible sont bien dans le caractère profond du Concerto, mais ils ne s’obtiennent pas sans le concours, au même degré d’engagement, de l’orchestre. Kirill Karabits et ses berlinois font feux de tout bois, exaltés, fulgurant, avec un cor qui semble venu des bois de Bohème et dont le vibrato est d’un autre temps, des bois verts qui pimentent le discours, un quatuor léger qui fouette tout cela, soudain je pense que les Symphonies leur iraient à la perfection. Quel panache ! On a beau être à Berlin, pour l’esprit comme pour la lettre, on est bord de la Moldau qui manquait tant à Dvorak lorsqu’il écrivit son concerto aux Etats-Unis, y pleurant la disparition de son ultime amour, Josefina Kaunikova. Derrière l’ardeur du discours, Marc Coppey, me rappelant un peu l’archet diseur qu’y déployait récemment le trop méconnu Mario Brunello, sait créer des espaces de replis lyriques où sa sonorité s’assombrit soudain, vertigineux moments de poésie. L’ensemble est admirable, étreignant, tout comme l’immobilité désarmante de ces Bois silencieux qui précédaient le Concerto, pièce magique dont Marc Coppey fait un nocturne lyrique. Le Schelomo qui ouvre le disque, plus méditatif qu’impressionnant, est lui aussi tout à fait abouti dans sa manière de réserve, son éloquence intime, mais je ne peux m’empêcher après ce Dvorak si flamboyant de penser que le Concerto de Schumann lui aurait fait un complément autrement idéal (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Having spent nearly two decades playing solo recitals and chamber music, as well as performing alongside renowned orchestras, Marc Coppey turns to three classics of the cello repertoire. Following the album of cello concertos by Haydn and CPE Bach, audite now presents the second disc with the French cellist. Departing from home: in Schelomo, Bloch examines his cultural and religious roots; in his cello concerto, Dvorák illustrates both his old and his new native countries, whilst the forest scene Klid represents a bridge and also an atmospheric reminiscence. In all three works, the composers look from Europe to America and vice versa: Bloch’s Schelomo was written immediately before his crossing to America; Dvorák composed his B minor Cello Concerto only once he had arrived there. Klid (Silent Woods) sits in between: before departing for America, Dvorák arranged this work, originally for piano duet, for cello and piano, to be played during his farewell tour. In this format, the piece became so popular that he went on to produce an additional version for cello and orchestra. Antonín Dvorák and Ernest Bloch provide clear performing instructions, but also demand a high degree of free interpretation. Marc Coppey manages to realise both of these aspects, maintaining a convincing balance and communicating intensively with the orchestra. He does not need to demonstrate his virtuosity through overly hasty tempi: instead, he follows the recommendations found in the scores. This greatly benefits the clarity, vividness and eloquence of his interpretations. The Deutsches Symphonie-Orchester Berlin and Kirill Karabits prove congenial partners.
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