Troquant l’archet pour la baguette Thomas Zehetmair n’entendait pas le faire en vain, il ne serait pas un de ces pénultièmes instrumentistes devenus chef d’orchestre, il avait son mot à dire ce qu’il fit dès deux albums Sibelius assez remarquables avec le Northern Sinfonia. L’expérience devait aller plus loin avec Musikkollegium de Winterthur, une Troisième Symphonie de Bruckner, chroniquée ici même, partagea la critique, nul doute que son nouvel album dévolu au Symphonies de Brahms produira les mêmes effets, et même pour moi d’ailleurs. Est-on prisonnier à ce point du grand orchestre, des vastes legatos, de l’automne enivrant des couleurs et des structures puissantes auxquels tant de chefs nous ont accoutumés ici au point qu’on ne saurait s’en déprendre même pour une expérience ? Le geste très calculé, volontiers fragmentaire, les phrasés réarticulés sans grâce (et pour produire une dramaturgie tout autre, voir même la faire saillir là où on n’aurait jamais cru qu’elle fut possible), le non legato et le quasi non vibrato nous change drastiquement les paysages et pas toujours en bien. Paradoxe, l’œuvre qui devrait le plus trouver son miel dans ces audaces, le manifeste démiurgique de la Première Symphonie, en souffre, morcelée, étalée, quasi équarrie. Au contraire les architectures de la Quatrième résonnent, le vaisseau s’anime, le discours se tend, véritable réussite d’un cycle trop expérimental : si la Troisième Symphonie survit, et parfois étonne, la pastorale de la Deuxième, délitée, maniérée, pleine de repentirs au point que plus une ligne ne s’y voit, est à peu près impossible. Reste que j’écoute et que je m’interroge devant cet atelier ouvert à tous les vents, en pensant que cet attelage singulier était autrement à son œuvre chez Bruckner. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) The Musikkollegium Winterthur rounded off its 2018/19 concert season with a six-day Brahms Festival, during which – besides numerous other works by Johannes Brahms – the composer’s four symphonies were performed under Principal Conductor Thomas Zehetmair. Steeped in tradition and boasting a proud history dating back to 1629, the Swiss orchestra thus commemorated the years when Brahms was a frequent visitor to Winterthur and his compositions were released by the Winterthur music publisher Jakob Melchior Rieter-Biedermann. Eldest son of the successful Winterthur machinery manufacturer Heinrich Rieter, Rieter-Biedermann opened his publishing house in 1849 and the first two compositions appeared in 1856: Theodor Kirchner’s Albumblätter op. 9 and Hector Berlioz’s Les nuits d’été. Kirchner, who had been employed as Winterthur’s full-time city organist since 1843, met Johannes Brahms for the first time that same year at the Lower Rhenish Music Festival in Düsseldorf and suggested the Winterthur music publisher to him. Brahms displayed an interest and as early as August 1856 embarked on the first of a total of 14 trips to Switzerland. The journey led to his first face-to-face encounter with Rieter-Biedermann, who first published a work by Brahms two years later – Volks-Kinderlieder mit hinzugefügter Clavierbegleitung, Den Kindern Robert u. Clara Schumann’s gewidmet (Children’s Folk Songs with additional piano accompaniment, dedicated to the children of Robert and Clara Schumann). Kirchner reported how Brahms soon became the talk of the town in Winterthur: "All of us, each in his own way, now revolve around Brahms, whom I am learning to appreciate more and more. Quite apart from his musical talent, the man has an abundance of wisdom and a hardworking attitude that I have rarely seen".
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