Charles Owen en ses premiers disques avait avoué un tropisme Fauréen qui nous a valu des Nocturnes et des Barcarolles aux harmonies amples, joués à plein piano ; à rebours de la chronologie de sa discographie je découvrais un album Poulenc où brillaient les meilleures « Soirées de Nazelle » de la discographie, puis un disque Janacek d’une troublante poésie, son « Sentier herbeux » se haussant au degré de suggestion qu’y mirent Josef Palenicek et Rudolf Firkusny. L’art évocateur apporté aux vignettes de Janacek qui constituent un vrai cycle-promenade, la profondeur de son piano aux couleurs si appariées m’avaient justement fait penser qu’il serait chez lui dans les ultimes opus de Brahms. Le disque vérifie aujourd’hui mon intuition : chant large mais sculpté, harmonies fuligineuses, lignes polyphoniques surprenantes et ce toucher admirable qui jamais n’alourdit l’écriture mais l’éclaire par un savant jeu de pédale, lui donne de l’air. La qualité de son jeu, qui abolit les marteaux, projette les ultimes opus de Brahms dans une dimension impressionniste, quasi debussyste dans les opus 118 et 119, qui surprend en bien. Après tout, Brahms est l’inventeur du piano moderne, ses ultimes cahiers n’ont plus rien à faire avec le post-romantisme, tout un nouveau langage s’empare du clavier et c’est précisément cela que Charles Owen fait entendre sur son splendide Steinway dans l’acoustique parfaite du Menuhin Hall de Cobham. Osera-t-il chercher demain chez le jeune Brahms, celui des Sonates et des Ballades, les premières traces de cette tentation progressiste que Schoenberg soulignait à loisir ? Les deux Rapsodies op. 79 où l’écho de cette époque ressurgit laissent penser que oui. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Steinway ambassador, Guildhall professor and co-founder of the London Piano Festival, Charles Owen turns to the late piano works by Johannes Brahms for his latest AVIE release. Within this collection of Capriccios, Rhapsodies and Intermezzi, Charles reveals myriad moods with the composer harking back as well as facing forward – from evocations of Schubert, Schumann and Liszt in the Eight Klavierstücke, Op. 76; winter-like darkness in the two Op. 79 Rhapsodies; Hungarian foot-stomping dance forms in the seven Fantasies that comprise Op. 116; nostalgic contemplation in the Op. 117 Intermezzi; romantic inflections in the Op. 118 Klavierstücke which were dedicated to Clara Schumann; and the tonally forward Klavierstücke, Op. 119.
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