 On doit à Hamish Milnes, au temps où pas un pianiste ne venait y voir, la première anthologie Medtner, sous étiquette CRD, jamais publiée depuis celle de compositeur, et quelques autres portraits russes, un Balakirev notamment. Jeune homme, absolument musicien et assez virtuose, il osait tout, mais enfin un artiste aussi considérable ne pouvait pas, ne devait pas en rester à des actes d’apôtre. Il devait aller au grand répertoire. La maturité venue, avec sa coutumière modestie, ce sera non pas, ou pas d’abord, le répertoire en solo, mais la musique de chambre. Avec ses amis du Pro Arte Piano Quartet il aura sous divers labels construit patiemment une discographie de ce répertoire à trois instruments à cordes frottées et à un instrument à cordes frappées qui n’est passée inaperçue que sur le continent. Quel plaisir de voir les quatre amis aborder enfin les opus que Brahms a écrit pour leur formation. Qu’on n’attende pas d’eux un premier Quatuor toutes voiles dehors, ils m’y déçoivent même un peu, le nerf leur manque sinon la lyrique, mais à la fin tout de même j’ai tout ce que Brahms a mis dans cette musique, même sans les effets et les éclats. Ils se gardaient pour l’œuvre qui reste la plus difficile, la plus délicate de cette triade, et probablement la plus belle, l’Opus 26. Dieu, quelle musique, comment ils la chantent, la murmurent, l’enrubannent avec des tendresses, des nostalgies, tout cela avec une manière de ne pas y toucher, Hamish Milnes mettant son clavier dans les cordes de ses amis. L’adagio, où passe le souvenir de Schumann, est émouvant au possible. Le sombre Opus 60 qui contient certaines des pages les plus amères de Brahms, mais aussi les plus Beethovéniennes, leur convient tout autant, intense et sobrement exprimé, tendus dans l’harmonie jusqu’à la torture. Cette manière ne s’était plus entendue ici depuis les gravures des membres du Quatuor Hongrois et de George Solchany (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé)
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