Un violoncelle ? Un baryton. Le Rogeri que joue Claudio Bohorquez à l’étoffe d’une voix humaine, sa plénitude lui ordonne de chanter ce qu’il fait dès la première phrase de la Sonate en mi mineur dont le modelé est absolument celui d’une voix humaine. Il faut l’admettre, Claudio Bohorquez rappelle par le grain de son archet, la densité expressive de ses phrasés, la ligne si intense de son chant ce qu’ici faisait Pablo Casals, refusant le lyrisme univoque pour faire parler l’instrument, dans le murmure (et quelles couleurs alors), comme dans la proclamation. Pour les tourments et les paysages de grèves de la Première Sonate, cette manière est idéale, attendue même, sinon que Claudio Bohorquez y ajoute une réflexion lyrique, une introspection, la rumeur d’un chant que Casals n’hésitait à bougonner en dessous de son archet. Et la Deuxième Sonate ? Son appassionato irrésistible est saisi comme rarement, jusque dans les replis soudains qui viennent ombrer le paysage. Bohorquez la joue en grand son, mais la module aussi dans des variétés de couleurs, des efflorescences de phrasés, des accents ardents qui encore une fois m’évoquent les embardés, le feu de Casals, d’autant que Peter Nagy le serre dans son jeu, vraie seconde voix. Impossible de résister aux arrangements élégants et pourtant coquins des Trois Danses hongroises qu’Alfredo Piatti se sera transcrites mais elles cèdent le pas devant le chant pur de « Wie Melodien zieht es mir » : les notes de ce violoncelle sont des mots. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Les sonates op. 38 & op. 99 de Brahms occupent une place importante dans le répertoire pour violoncelle. Composée entre 1862 et 1865, la sonate op.38 marque une évolution dans la musique du compositeur. Alors que ses premières compositions se voulaient quelque peu novatrices, cette œuvre est clairement tournée vers le passé : on y trouve une citation de L'Art de la fugue de Bach et un menuetto faisant écho au scherzo de la sonate en la majeur de Beethoven. Le dernier mouvement se distingue par un savant mélange entre forme sonate et fugue. L'ensemble tient sa cohérence par l'utilisation répétée de l'expressive sixte mineure. La sonate op. 99 est réalisée bien plus tard, en 1886, et offre une atmosphère bien différente. Le premier des quatre mouvements se démarque par sa manière d'opposer les deux instruments. Les deux derniers s'illustrent, quant à eux, par leur différence de caractère : le puissant et sombre scherzo est suivi d'une final tout en légèreté. Claudio Bohórquez et Péter Nagy proposent ici une interprétation précise et longuement mûrie, le tout soutenu par une excellente prise de son. (Charles Romano) A seasoned and established cellist turns his attention to his discography at the age of 40. Over the course of three decades, this artist has amassed experience on the cello both as a student and as a teacher and by giving numerous concerts all over the world, resulting in an interpretational style that is, like him, mature. The Romantic core repertoire for the cello, performed by Claudio Bohórquez and his chamber-music partner Péter Nagy.
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