Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie n° 9 en ré mineur
Symphonie n° 9 en ré mineur (version pour 2 pianos) (CD Bonus)

Matthias Giesen, piano
Klaus Laczicka, piano
Altomonte Orchester St. Florian
Rémy Ballot, direction

C’est étrange : les 3e et 8e Symphonies selon Rémy Ballot ont déclenché un enthousiasme certain parmi la critique de deux coté du Rhin. Chroniquant récemment la 8e, je lui trouvais un train de pachyderme : non plus un orchestre mais un orgue, sensation encore accentuée par le temps de résonnance très long de la nef de la Stiftbasilika. Cette 9e Symphonie me semble encore plus étirée, plus informe aussi, car ce discours qui poursuit l’illusion de la ligne infinie fini justement par manque de souffle : les phrasés retombent, les motifs mélodiques se délitent dans un maelström d’harmonies confuses. On croirait un orchestre de fantômes…. Evidemment, le geste du chef cherche et trouve une certaine spiritualité, l’Adagio en témoigne, souvent étreignant, mais une conception aussi sépulcrale s’effondre dans un Scherzo immobile. L’éditeur ajoute la gravure d’une réduction pour deux pianos de la même œuvre réalisée par Karl Grunsky d’après l’édition Loewe en 1911. Une rareté reconstituée par les pianistes Matthias Giesen et Klaus Laczika qui l’enregistrèrent sur deux pianos absolument opposés : un Blüthner de 1931 et un Yamaha de 1997. Le résultat est assez troublant, s’écoute avec intérêt, mais n’apporte rien à l’art de Bruckner. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

Le 21 août 2015, les voutes de la vénérable abbaye de Saint Florian, là même où Bruckner est enterré sous l’orgue, ont résonné des accords grandioses de sa 9° symphonie. Un orchestre de circonstance (mais comprenant des musiciens issus de la philharmonie de Vienne comme de la Staatskapelle de Dresde), baptisé Altomonte en hommage aux peintres qui décorèrent l’abbaye, l’interprétait sous la baguette de Rémy Ballot. Concluant ainsi les Bruckner-Tage de cette année, le musicien français poursuivait un cycle brucknérien marquant (les 3° et 8° symphonies précédemment enregistrées par Gramola avaient été couvertes de louanges par la presse internationale). De nouveau, l’acoustique de l’abbatiale lui inspire des tempos d’une rare ampleur, comparables à ceux de son maître Celibidache. Mais la maîtrise de l’architecture, la conduite des longues lignes polyphoniques des cordes, l’émotion surtout de cette lecture n’appartiennent qu’au maestro français, en passe de nous livrer peu à peu la plus fantastique intégrale brucknérienne du 21° siècle ! En complément, les maîtres d’œuvre de ces journées Bruckner interprètent une transcription pour deux pianos particulièrement émouvante tant elle semble ressusciter la découverte de l’œuvre par les premiers auditeurs. Un nouvel album majeur à ne pas laisser passer ! (Richard Wander)

“The loveliest thing that I [Bruckner] have ever composed” was performed in summer 2015 at the Bruckner Festival at Monastery St. Florian in Upper Austria, Anton Bruckners refuge, home and final resting place. This refers to the Adagio of his Unfinished Symphony No. 9, dedicated to the “dear Lord” (cit. Anton v. Webern) and his willful personal confrontation with the transition to the hereafter. Remy Ballot and the Altomonte Orchestra form a liaison with the extraordinary acoustics of the basilica – virtually the Holy Spirit in this musical Trinity – and transform the woe and sorrow of the bereaved as well as the ambiguity about what remains after one's death into heavenly spheres.