Le violon apparut, quasiment sous sa forme actuelle, aux alentours de 1500, mais dès ses origines, s'est décliné, à l'instar des violes, des flûtes à bec, ou d'autres familles d'instruments, dans plusieurs tailles et tessitures, à l'imitation des voix d'un chœur. Ainsi apparurent le dessus de violon (plus tard appelé violino piccolo), l'alto décliné en dessus d'alto et alto grave, le ténor de violon, la petite et la grande basse de violon. Tous ces instruments furent utilisés au moins jusqu'à la fin du XVIIe siècle (ainsi les sonates à 5 Opus 2 d'Albinoni, publiées en 1700, prévoient une partie de Ténor entre l'alto et le continuo). Le ténor de violon disparaîtra aux alentours de 1750, supplanté par le violoncelle, sauf en Angleterre, où il apparaît encore dans l'instrumentarium d’éditions de quatuors, par exemple, jusqu'à la fin du siècle. Les « grands » altos vont être pour la plupart raccourcis au XIXe siècle, qui est celui de la standardisation, la « Gran Viola » de Paganini étant une rescapée, tandis que la basse de violon baroque va s'intégrer aux violoncelles, en changeant d'accord. C'est une partie du répertoire des « consorts de violons » du XVIe siècle que recrée pour nous ici l'ensemble des Sonadori, dirigé par la luthiste Pascale Boquet, en entremêlant ici les pièces polyphoniques uniquement dévolues aux instruments (souvent des motets et autres pièces écrites à l'origine pour les voix humaines), à d'autres où le « dessus », souvent très ornementé selon l'art italien des « passagi » (diminutions, variations souvent improvisées), est chanté par la soprano Anne Delafosse, selon l'usage du temps. Etrangement, les consorts de violons renaissance sont aujourd'hui rarissimes, comparés aux ensembles de violes, ou de flûtes à bec. Cependant, contrairement à ce qu'affirme le livret de ce disque, l'ensemble des Sonadori n'est pas unique au monde, le King's Noyse, ensemble de violons renaissance nord-américain, a été créé dès 1988 par David Douglass, spécialiste mondial de ce répertoire, et a depuis sa création enregistré une dizaine d'enregistrements passionnants, auxquels celui-ci ajoute quelques merveilles dévolues à cet ensemble instrumental fascinant. (Jean-Michel Babin-Goasdoué) The most beautiful polyphonic canzoni, chansons, motets and madrigals, were used like today’s pop standards in the 16th century; musicians would improvise on them, tailoring their playing and imagination to each other. The colourful and varied selection of works on this recording is made up of different combinations of voices and instruments. A special aspect, a kind of renaissance violin band stands at the centre of this project: ensembles of violins were generally used to accompany certain moments in the Mass, at banquets, receptions, princely entertainments, entries into cities and palaces, diplomatic negotiations and sacred and secular processions as well as the long hours of dancing that followed the evening meal in northern Italy from the 1530s onwards, until the 1580s and 1590s announced the arrival of the new baroque style.
|