Les Ouvertures de Weber ont changé de visage depuis que l’interprétation historiquement informée les a revisitées. Adieux les sombres clartés déployées par Wolfgang Sawallisch ou Rafael Kubelik (un de ses disques majeurs, trop méconnu, trop peu réédité), dès 1992 Roy Goodman et sa bande éclaircissaient les paysages, allégeaient le discours, au point que parfois le mystère en échappait. Conscient des avantages et des défauts de cette nouvelle manière, Howard Griffiths, abonné au répertoire du début du romantisme – on lui doit une splendide intégrale des Symphonies de Ludwig Spohr, j’y reviendrais – s’entend à marier l’ancien et le moderne. Les couleurs, les phrasés, la transparence du quatuor sont sans conteste philologiques d’approche, de sapience, mais les climats, l’élan, la générosité du jeu d’ensemble regarde absolument vers la grande tradition germanique, ce qui au final fait probablement le meilleur disque pour qui voudra découvrir l’intégrale des dix Ouvertures de Weber. Ensuite vous pourrez chercher les récits plus âpres de Sawallisch – avec un "Philharmonia" particulièrement inspiré – ou les contes de fées de Kubelik. Mais commencer ici c’est avoir la certitude de comprendre tous les enjeux de ces musiques et la modernité toujours aussi étonnante de cet orchestre (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) S'ils nous offrent un moment réjouissant, ce n'est faire injure ni à l'orchestre de la Radio de Cologne ni à Howard Griffiths de dire qu'ils ne nous feront pas oublier le génie de Carlos Kleiber dans Freischütz. Ceci dit, ils vont droit au but dans une vraie perspective théâtrale : limpidité, vélocité, progression vers des codas pétaradantes destinées à électriser l'auditeur avant le lever du rideau sur des mondes enchantés ou maléfiques. On est loin des démonstrations techniques de certaines grandes interprétations, mais au plus près de la technique d'écriture de Weber. A condition d'accepter ces options et le soupçon de trivialité des cuivres et percussions, on se régale des célébrissimes phrases confiées aux vents (hautbois dolce de Rübezahl, clarinette d'Obéron ou, peut-être pas assez con molta passione, du Freischütz...), des trouvailles du compositeur (le courant d'air glacial soufflé par les huit violons en sourdine du largo d'Euryanthe) et de certains choix interprétatifs (les glissandi très appuyés d'Abu Hassan). Le disque complète les « vraies » ouvertures par deux musiques de scène (Turandot et Preciosa) et la Jubelouvertüre de circonstance, sorte de couteau suisse musical qui cache jusqu'à la fin sa destination. (Olivier Eterradossi) Carl Maria von Weber’s overtures deriving from the preludes of his various stage works (apart from the Jubilee Overture) range over his entire oeuvre. On the one hand, they cover the almost forty years of his artist’s life, from his beginnings as a young composer around the turn of the century, through the works of his middle period influenced by his teacher Abbé Vogler, to the personal style of the mature master. On the other hand, since their form »as a brilliant and ingenious index« (Wiener Allgemeine Theaterzeitung, 1821) mostly consists of the particular motifs from the operas to which they belong, they form something like an instrumental quintessence of his music for the stage. Although Weber is celebrated as the father of the German romantic opera, today he continues to be known for only one opera: Der Freischütz. Most of his other stage works are only very rarely performed, but their overtures have stood the test of time as individual orchestral works. They convince us with their colorful instrumentation and combination of elements from Viennese classicism, the new romantic drama, and lyrical moments. Our complete recording of Weber’s overtures with Howard Griffiths and the WDR Symphony Orchestra is distinguished by fresh verve and gripping dramatism in keeping with the dictates of "historically informed performance practice".
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