Ce CD présente un magnifique panorama de la musique profane du Trecento italien. Les pièces, extraites de différents Codex, sont tantôt anonymes, tantôt dues à des compositeurs connus, le plus prestigieux étant le florentin Landini. Madrigal, caccia (chace puis chasse en français), et ballata, — genres majeurs à l'époque — composent cette anthologie. Musique virtuose, subtile, qui participe d'une rhétorique sophistiquée et met en œuvre une prodigieuse diversité de moyens rythmiques, mélodiques, techniques. Sont parcourus les grands foyers géographiques (Florence, Padoue, Pavie, Bologne…) qui virent se développer cet art — apogée de la musique médiévale italienne avant un brusque déclin… Toute la période — qui s'étend de 1330 au début du XVe siècle est balayée. Enfin, différents aspects de chaque genre sont illustrés : le mélomane averti saisit alors la variété et l'évolution du madrigal (genre d'abord désigné comme « inorganisé », fait pour un public « rustre », porteur d'une poésie champêtre simple, puis vecteur privilégié de la poésie amoureuse courtoise, mais aussi de la critique politique), la complexification de la ballade (passage de la monodie à la polyphonie), et les audaces de la caccia genre dialogique s'il en est, qui explique le titre du CD (« d'une voix presque humaine ») : voix et chant sont à la fois inséparables et comme tendanciellement opposés, parce que place est faite au cri animal (les chiens, le gibier…), aux onomatopées, aux voix des chasseurs, à côté des mélismes les plus raffinés. Musique régulière (cf. notamment la place fixe de ces mélismes dans la ballata) mais en même temps musique plurielle, traversée de heurts, de frottements, de syncopes et de hoquets. On est là dans un monde à de nombreux égards étonnamment moderne, et des compositeurs actuels tels qu'Aperghis pourraient être, d'une certaine façon, considérés comme des héritiers de cette tradition. L'interprétation de l'ensemble Perlaro est un modèle de diction, de clarté, de verve et de poésie. Le caractère savant de ces œuvres semble ici transcendé par une sorte de spontanéité et de fraîcheur qui ne cesse de ravir. Un enregistrement exceptionnel qui réussit à captiver de bout en bout l'auditeur même s'il découvre pour la première fois ce répertoire. (Bertrand Abraham) “Con voce quasi humana” presents a panoramic view of the secular music of the Trecento, from the earliest surviving anonymous pieces from the Rossi codex, and those by the first musicians whose actual names we know (Piero, Giovanni da Cascia, and Jacopo da Bologna), via the florid style of some of the best-known Florentine maestri (Francesco Landini), to the rapid decay of this culture in the early Quattrocento. The majority of pieces recorded here come from what is arguably the most important and lavishly executed collection of Trecento music – the famous Squarcialupi codex, now preserved in the Biblioteca Medicea Laurenziana. A special aspect of this recording by the Perlaro Ensemble lies in the all-vocal interpretation of the Trecento pieces. Through this approach, a clarity of pronunciation and phrasing is attained that to a certain extent makes it easier to hear all the “voices” within the various compositional styles and genres, such as madrigals, ballatas, and caccias. On the other hand, the title, “con voce quasi humana” (with a quasi-human voice) also represents human voices in the form of conversations in the song texts. Moreover, this recording focuses on songs about singing, songs that carry the listener away to an ideal place, putting him/her into the poet’s mood. It is up to each person to decide whether the songs seduce or cause torment, or whether they give the listener happiness with their enchanting beauty.
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