Concertos anglais pour violon et pour violoncelle Collier Campoli Piatigorsky Robinson Sargent

Malcolm Sargent love la mélodie pâmée qui ouvre l’adagio du Concerto pour violon d’Arnold Bax comme s’il dirigeait "In a summer Garden" de Delius : effet magique garanti. Quel grand concerto que cette œuvre si peu courue au disque : la regrettée Lydia Morkdovitch en avait gravé une lecture rapsode sous la baguette tumultueuse de Bryden Thomson, Dutton avait édité l’enregistrement réalisé pour la BBC par Adrian Boult et la magnifique Eda Kersey, violoniste anglaise disparue à quarante ans à peine, mais pour le revival de 1957, Sargent avait convaincu André Gertler de se mesurer à ce vaste triptyque lyrique. De son archet cinglant il "déromantise" l’œuvre, et les danses irlandaises du final sonnent drues, puissantes comme jamais. Admirable captation qui prélude à trois autres, toutes thésaurisées par Richard Itter qui depuis le bureau de sa maison de Burnham, enregistrait sur bandes les radiodiffusions de la BBC avant de reproduire les plus précieuses sur disques acétate. Il sauvegarda ainsi quantité de concerts que les ingénieurs de la station effacèrent scrupuleusement – une piste peut-être pour retrouver l’intégrale Ravel et la grande anthologie Chopin enregistrées par Vlado Perlemuter dans les années cinquante ? Lyrita a décidé de publier la part dévolue au répertoire anglais. Autres documents majeurs, la création européenne du Concerto pour violoncelle de William Walton avec un Gregor Piatigorsky virtuose, un peu fou, délivrant une lecture flamboyante que je préfère à son enregistrement studio à Boston avec Charles Munch, Sargent donnant plus de carrure et de piquant à l’orchestre, mais aussi une lecture au lyrisme irrépressible du Concerto pour violon d’Ernest John Mœran emporté par l’archet splendide d’Alfredo Campoli. Autre rareté, le Concerto pour violon d’Arthur Benjamin, mais cette fois le jeu constamment en dessous de Derek Collier et la direction sans élan de Stanford Robinson desservent une partition brillante que Lorraine McAslan a révélée en 2011, l’enregistrant en première mondiale au disque pour Dutton (Discophilia, Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé)