Ces œuvres, inédites au disque, datent du règne de Marie Thérèse d’Autriche, époque de mutation dans le rapport de la musique au pouvoir : le temps des festivités baroques est révolu, la cour réduit son train de vie, son rôle d’ordonnatrice des plaisirs se restreint. Ces concertos résultent probablement de commandes privées, car la flûte était à Vienne un instrument peu usité et nos quatre compositeurs ont eux-mêmes peu écrit pour cet instrument. Aujourd’hui oubliés, ils ont joui, jusqu’à la fin de leur vie, d’un prestige indéniable. Ainsi, le jeune Mozart étudia les œuvres de Wagenseil que son père et lui tenaient en estime. Ces œuvres, de style « préclassique », s’apparentent fortement à des pages de C.P. E. Bach, exact contemporain, et font montre, dans leur facture, de qualités souvent largement équivalentes. L’écriture est, en général, d’une grande vivacité, bondissante, alerte et sans mièvrerie. On est sans cesse captivé, dans les mouvements vifs, par un passionnant échange de questions et de réponses ou par un jeu subtil d’imitations, de reprises où chacun dit son mot avec son intonation propre : il y a dans ces pages un sens aigu, souverainement affirmé, du dialogue entre instruments. Tout semble couler de source, jaillir exactement là où il faut et comme il faut. Les interprètes engagés à fond, ont visiblement un grand plaisir à jouer ces œuvres. La clarté d’ensemble, l’équilibre des pupitres, la beauté sonore de chaque partie dans cette conversation musicale variée, animée et poétique sont enthousiasmants. Et le jeu de la flûtiste est superbe. À découvrir absolument. (Bertrand Abraham) Our first collaborative project with Klingekunst and the ensemble’s soloist and leader Sieglinde Größinger presents CD premiere recordings of the earliest Viennese flute concertos, which date from the reign of Empress Maria Theresa. The selected concertos by Georg Christoph Wagenseil, Giuseppe Bonno, Florian Leopold Gassmann, and Matthias Georg Monn, heard here on historical instruments, represent a significant contribution to the artistic recovery of the forgotten Viennese music culture of this epoch, a field that is only beginning to be researched. When Emperor Carl VI died in 1740, his successor Maria Theresa inherited a state budget burdened by heavy deficits. Forced to adopt economy measures, the new empress suspended the operation of the court orchestra and then offered its services to interested parties. However, the artistically marginalized musicians did not accept defeat when these unexpected developments put them in an existentially precarious position. No longer obliged to serve and obey a court aesthetic, they delighted in experimentation with new styles and forms of expression. The revolutionary character of these exciting times very much may be viewed as preparation for the Viennese classical period. Moreover, the flute now became a solo instrument for use in the orchestra and concert performances. Until about 1740 it was only rarely employed and then merely for additional tone color, but now it first enjoyed its share of spotlight.
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