Michael Rische avait assemblé sept partitions concertantes écrites pour le piano au long des années vingt, projets conçu pour la WDR et la Bayerische Rundfunk, édité fugitivement au début du XXIe Siècle en deux CD chez Arte Nova. Revoici cette anthologie qui m’avait fait découvrir quelques partitions iconoclastes comme la Jazz Symphony et le Premier Concerto de George Antheil, pages futuristes déconcertantes où les musiques nègres rugissent plus qu’elles ne dansent. Wayne Marshall lui faisait, pour la Jazz Symphony, un accompagnement abrupt dont ensemble ils prolongeaient le ton pour le Concerto en fa de Gershwin joué comme un ballet, tout en angles et en saillies, dont je comprenais soudain mieux pourquoi Ravel l’aimait tant. Pourtant le chef d’œuvre de la part transatlantique reste le Concerto que Copland mis au point en 1926, partition hautaine, véritable proclamation de la Nouvelle Musique américaine, diptyque erratique jusque dans son final nègre où les riffs sont des à-pics dont Michael Rische anime le roc et les cieux. Dans le vieux monde, trois partitions se télescopent. L’épure du Concerto en sol de Ravel est jouée droite, classique, l’orchestre d’Israël Yinon colorant avec feu le piano volontairement blanc. Les aspérités « néo tout » du Concertino d’Honegger, si peu joué, en sonnent comme l’inverse absolue. Mais le coup de génie de l’album reste le Second Concerto d’Erwin Schulhoff, partition démente, suractive, où l’enfant terrible de la nouvelle musique tchèque brouille les pistes à coup de jazz, de danses de salon, de modes chinois et de musique tzigane : le final est une pure folie que Michael Rische et Gunther Schuller emportent avec rage, menant l’œuvre très au delà de ce qu’en proposaient Jan Simon et Vladimir Valek dans l’anthologie Schulhoff conçue par Supraphon. Album aussi brillant que révélateur (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Never did “classical music“ and “jazz“ come so close as during the 1920s. The first sounds from this period bear witness to the vitality of the partnership: long before the concepts of “popular“ and “serious“ music existed, there had been contacts between the kind of music which demands structured listening, whose laws are those of the ears alone, and the kind which works physically, whose meaning is not exclusively to be found in what can be heard. This polarisation makes itself felt in the twentieth century by virtue of the fact that European composers begin to take an interest in jazz, a variant form which brought powerful consequences.
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