J’ai toujours eu une tendresse extrême pour « L’Apothéose de Lully » depuis que je l’ai découverte enfant dans l’opulente mais éloquente proposition de Jean-François Paillard, sans pourtant jamais être convaincu de ce qu’en tiraient les interprètes, sinon par l’approche si sensible, si « à part » de Jordi Savall et de ses amis. C’est Stéphane Degout, qui, pour Jonhatan Cohen donne les « didascalies » de L’Apothéose de Lully. Plus de flûtes, plus de hautbois, mais deux violons, une « gambe », un luth qui marie ses cordes pincées à celles du clavecin, petit concert miraculeux de sensibilité qui ne perd pas en couleurs, mais gagne en émotion par le modelé des phrases, la profondeur des mélodies, comme si elles se miraient au timbre profus de Stéphane Degout dont elles semblent naitre. On se trouve dans un cercle plus intime, où tout se dessine d’évidence dans un discours fluide. Mercure a le pied bien léger comme il le faut, le geste d’Apollon est la plus gracieuse des invites vraiment tombée d’un nuage, les scories des adversaires de Lully le voyant monter au Parnasse dessinent de vrais visages, mobiles, effrayés et furieux à la fois, tout est si vivant justement par le petit nombre de ce concert, que d’ailleurs dicte la suite de l’album : les Trois leçons de ténèbres se suffisent d’un luth, d’une viole et d’un orgue discret, car elles sont ici comme jadis elles le furent par Nadine Sautereau et Janine Collard, incarnées en voix de corps, pénitences brulantes, prières sensuelles, piétés offertes, où soudain, dans le plus français de Couperin Rome parait pourtant. La boucle est bouclée. Bravo à Catherine Watson et à Anna Dennis, bravo à Jonathan Cohen pour nous les rendre ainsi, charnelles, ardentes, loin de Versailles, vraies musiques pour le Caravage. Il fallait l’oser (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) L’Apothéose de Lully’ was Couperin’s homage to his great musical predecessor and depicts the elder composer’s elevation to Mount Parnassus (where he plays duets with the shade of Corelli and, with Apollo’s blessing, effects a reconciliation between the contrasting French and Italian styles of the day). The ‘Leçons de ténèbres’ were written for performance in Holy Week and demand—and here receive from Katherine Watson and Anna Dennis—vocal artistry of the highest order.
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