Longtemps Cyril Rootham demeura pour moi le compositeur d’une seule œuvre « For the Fallen », requiem intime à la mémoire des soldats anglais tombés sur le front de France, révélé au disque par Richard Hickox. Tout un monde s’ouvrait au travers de cette œuvre si émouvante, et je découvrais à la suite de Rootham des compositeurs inclus dans son cercle, Patrick Hadley, Philip Sainton, Arnold Cooke, Robin Orr. Puis Vernon Handley enregistra la Première Symphonie, partition altière à l’orchestration somptueuse. Derrière le personnage public– il fut un conférencier brillant à Cambridge, amalgamant une bande de jeunes élèves aussi doués que dissipés parmi lesquels Arthur Bliss, remit à l’honneur les oratorios de Haendel et les œuvres théâtrales de Purcell, dirigea les premières britanniques du Roi David et du Psalmus hungaricus – un compositeur d’importance paraissait. Mais le disque resta silencieux après cette sensationnelle Première Symphonie (toujours disponible chez Lyrita SRCD269), Rootham retourna au purgatoire. C’est donc avec une émotion certaine que je glissais dans la platine les disques de ce double album dévoilant deux œuvres jamais enregistrées auparavant et de plus sous la baguette de Vernon Handley. Une fois encore, Richard Itter, le fondateur du label Lyrita, les avait captées lors de leurs diffusions à la BBC. Une déception et une révélation : la Deuxième Symphonie est oubliable : en 1938, année de sa mort, Rootham était paralysé par la maladie, et on le reconnait à peine dans ces pages grises - l’orchestration n’est pas de sa main mais de celle de son élève Patrick Hadley. Dix ans plus tôt, il était au sommet de son art en composant à l’intention du Premier festival de Musique anglaise de Cambridge son Ode on the Morning of Christ’s Nativity. Le poème de Milton lui inspire une vaste cantate de la nativité pleine de tendresse et d’émotion, convoquant un grand orchestre toujours écrit avec finesse dont le chœur émane. Une simple note de trompette ouvre l’œuvre, suivit d’un récit du ténor – Philippe Langridge y est d’emblé magique par le ton, le galbe de la phrase – et la cantate se terminera pianissimo. Quarante minutes d’une musique coulée dans la tradition chorale anglaise, souvent proche de la lyrique de Purcell, une merveille qui me rend curieux d’autres partitions de Rootham. J’aimerais tant entendre le Psalm of Adonis ou City in the West. Qui sait, Mr. Itter les a peut-être captées? (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Cyril Bradley Rootham né à Bristol en 1875 à le parcours type du musicien institutionnel. Etudes musicales au Royal College auprès de C.V. Stanford (l'auteur du Requiem). Il devient organiste et chef d'orchestre à plein temps. Rootham fait œuvre également de musicologue et d'enseignant. Tout en redécouvrant les opéras de Mozart, les oratorios de Haendel et l'oeuvre de Purcell, il sert ses contemporains anglais : Vaughan Williams, Arnold Bax mais aussi les européens Kodaly, Honegger ou Pizzetti. Auteur d'une œuvre conséquente, Rootham affiche une prédilection pour les œuvres orchestrales avec choeurs, emblématiques de la tradition anglicane, rappellant les œuvres similaires de Holst ou d'Elgar. Cette nouvelle publication du label Lyrita (enregistrements issus des archives de la BBC) nous fait découvrir deux œuvres essentielles du compositeur : l' « Ode on the morning of Christ's Nativity » (1928) et la seconde et ultime symphonie (1936). L'Ode, basée sur les verses de Milton, nécessite un orchestre redondant, généreusement fourni en cuivres, bois et percussions. Cette débauche de timbres répond à la rhétorique coloriste des poèmes de Milton. La partition, d'une écriture raffinée, est empreinte de grandeur et d'une noblesse wagnérienne sans jamais verser dans le sentimentalisme. Rootham se révèle un maître dans l'art d'adapter le texte poétique au texte musical. Dès 1935, Rootham développe une maladie neurologique, la composition de son ultime symphonie fut achevée par son élève Patrick Hadley. Sévère, exigeante mais généreuse dans sa veine mélodique (dont le motif folklorique de l'Adagio).Le Scherzo à variations évoque les pairs Moeran et Vaughan Williams. Le final Andante reprend les thèmes du mouvement inaugural en les sublimant par l'ajout d'un choeur. Le climax du maestoso se dissolvant peu à peu dans un lento étreignant, assignant par les mots « no more death, no more death » invoqués par le choeur, le testament du compositeur. Interprétation vivante, incarnée, des solistes et de l'orchestre de la BBC dirigé magistralement par l'idiomatique Vernon Handley. Une belle découverte. (Jérôme Angouillant) ‘Rootham has done much for other contemporary composers; unfortunately he has been deficient in peddling his own wares’. This verdict on Cyril Rootham may serve to explain the neglect his music suffered during his lifetime. However, the general indifference it has encountered subsequently is unfathomable. It is to be hoped that this Lyrita release, which echoes the enterprise of the same label’s pioneering 1976 studio recording of the First Symphony will reawaken interest in a key figure in early twentieth century British music. Composed between 1925 and 1928, Rootham’s setting of Milton’s Ode on the Morning of Christ’s Nativity, for soprano, tenor and baritone soloists, chorus, a semi-chorus of boys’ voices and orchestra, is the composer’s most ambitious and accomplished choral work. It won the 1928 Carnegie Competition and was premiered successfully on 13 June 1930 under the composer’s direction. A performance in Gloucester at the 1934 Three Choirs Festival brought further acclaim. The performance presented here is a 1975 recording of a BBC Radio 3 broadcast marking Rootham’s centenary. Vernon Handley’s assured handling of this large score is constantly impressive and he highlights its tiniest gestures and flecks of colour as well as moulding convincingly its epic, sweeping paragraphs. Rootham first conceived the idea of a symphonic work with choral finale in 1936 at a time when he beagn to suffer from progressive muscular atrophy. The Symphony No.2 was completed at a stage when Rootham was no longer able to write and could barely speak, ten days before he died in March 1938. The result can be regarded as a deeply personal statement or rather, given the circumstances of its creation, as a testament. The overall effect is all the more poignant because it shuns sentimentality and self-indulgence. It was premiered on 17 March 1939 at the BBC’s Maida Vale Studios by the BBC Symphony Orchestra conducted by Sir Adrian Boult. This performance under Vernon Handley was first broadcast on 28 November 1984. Handley’s grasp of this fragile, elusive symphonic piece is as impressive as his 1976 studio account of Rootham’s First Symphony (also available on Lyrita SRCD269) and constitutes arguably an even greater interpretive achievement.
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