Auteur d’une des plus parfaite intégrale du piano de Ravel, Steven Osborne est vraiment chez lui chez nous. Déjà en 2005 ses "Préludes" de Debussy voluptueux et solaires marquaient sa différence dans une discographie pléthorique, plus de dix ans après le voici qui nous offre un disque dont le sujet est, au fond, même s’il manque "Pour le piano", les triptyques où Debussy radicalisant, début du XXe Siècle, sa langue et sa syntaxe (bien plus que dans les "Préludes" qui cherchaient le sujet et en déduisaient le vocabulaire, avec un renversement pour le Deuxième Livre qui revenait à l’absolutisme sensuel des "Images"). Le magicien Osborne joue ses "Images" larges, en timbres pleins, avec ce clavier si profus qui nous donnerait demain s’il voulait une "Iberia" d’anthologie. De la sensualité partout, que couronne le grand rire qui gifle la fin de "L’Isle joyeuse", emblème du disque. "Masques" ondoie et mord, fabuleux, puis l’estompe D’un "Cahier d’esquisses" parait, et l’espace harmonique se creuse, sinistre soudain. Car dans ces voluptés, rode toujours l’ombre de la mort : écoutez seulement comment il phrase dans l’harmonie ce tombeau qu’est "Hommage à Rameau". Ailleurs le Faune reprend sa flûte, fait du piano un orchestre, et un orchestre qui jouerait son Debussy sensuel à la façon d’Ingelbrecht ou de Cluytens, les timbres et les couleurs à fleur de lèvres, mêmes les "Estampes" soudain sont plus Fauves que Japonaises. Et "Children’s Corner" n’est vraiment pas pour les enfants, quasi érotique de phrasés, d’accents, d’humour de corps de garde, c’est que Debussy sait persifler même dans la tendresse. Et ces moyens ! Jouer du piano comme cela ce n’est pas permis. Steven Osborne nous fera un jour les "Etudes", je crains qu’après les siennes on puisse jeter toutes les autres. Bon prince, Hyperion annonce pour l’an nouveau quasi le même programme avec….Stephen Hough ! (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Steven Osborne’s unerring command of the elusive ambiguities of Debussy’s piano-writing has already been amply confirmed by his earlier recording of the two books of Préludes; these lustrous new accounts of the Images, Estampes and Children’s Corner are every bit their equal.
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