La belle idée, et qui ne s’est guère courue au disque ; mettre en regard Debussy et Szymanowski avec le prétexte des "Masques" de chacun. Ceux de Debussy viennent de Fragonard, de Watteau mais aussi d’un certaine Italie, ils ont un ton de fêtes galantes, des ivresses de carnaval, ceux de Szymanowski sont des portrait voluptueux ou cruels où le compositeur de "Harnasie" raffine son écriture de clavier jusqu’à la rendre impossible : on y trouve certaines des choses les plus difficiles à jouer mais aussi à comprendre du répertoire pianistique du XXe Siècle, Sviatoslav Richter en était fasciné, y voyait des correspondances avec le Ravel des "Miroirs" et de "Gaspard de la nuit". Cathy Krier les joue à la pointe sèche éclairant les rythmes complexes, les harmonies astringentes, mais elle parvient aussi à faire paraitre des personnages : on voit "Shéhérazade" (un peu Lorelei quand même), on perçoit en effet le parallèle possible entre "Tantris" et "Alborada" (ils sont strictement contemporains) , et la "Sérénade de Don Juan" est emmenée avec aplomb. Quelle pianiste que cette jeune femme qui n’a peur de rien et compose toujours ses disques avec une telle acuité. Même si j’aurais bien suivi Richter dans son idée de confronter le polonais avec le basque, pourtant je me laisse emporter par les deux "Livres d’Images" tel qu’elle les anime, clavier léger ou tout se reflète, éminemment Debussyste même dans ces transparences qui font tout entendre sans que le mystère se dissolve. Et pour "Masques", c’est l’ivresse pure et avec un chic ! Osera-t-elle le face à face des "Miroirs" et des "Métopes" ? (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) In this new album, Cathy Krier takes an original step and goes entirely against the grain of her previous programmatic approach. In her two most recent CDs she had juxtaposed the apparently divergent styles of Rameau and Ligeti, or Liszt vs. Berg/Schoenberg, uncovering astounding new connections among them. The current release now takes the opposite path. At first glance, Claude Debussy – the inventor of musical Impressionism – and Karol Szymanowski – often called the ‘Polish Impressionist’ – would seem to have much in common. Both composers even use the same title in French: Masques (masks). Cathy Krier affirms, nevertheless, that she is much more interested in the differences one can observe between these two works written roughly during the same period. Our listening experience is thus enriched thanks to a new, fascinating aesthetical perspective.
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