Leur duo s’était formé au disque, d’abord pour le Rigoletto scaligère de Rafael Kubelik, puis sous la baguette de Georg Solti dans un Don Carlos devenu légendaire : Carlo y était l’Infant, Dietrich le Marquis de Posa dans la prison qui verrait bientôt le meurtre du second. L’alliage de leurs timbres était magique, pas autant pourtant que la parfaite équivalence de style qu’ils partageaient, cet art de mettre dans le bel canto le plus tenu les mots les plus justement expressifs. On retrouve le grand duo des retrouvailles de Don Carle et de Posa à la toute fin du disque, ardent, d’un panache fou, où chacun fait assaut d’héroïsme vocal, mais cet album venu tardivement les rassemble dans des œuvres qu’ils n’abordèrent jamais ensemble, leur témoignage y est d’autant plus précieux qu’on y entend en fragment l’Otello qu’aurait pu être Carlo Bergonzi et chez Verdi toujours ce Monfort, ce Don Carlo di Vargas que Dietrich Fischer-Dieskau ne grava jamais dans leurs intégralités. Mais quelle surprise de les surprendre surveillant leur français dans le grand duo des Pécheurs de perles ! Ce n’est pas la moindre perle de cet album subtilement accompagné par Jesus Lopez-Cobos, scellant les noces de ces deux voix qui savaient si bien s’écouter. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Ces deux-là étaient faits pour se rencontrer. En commun, la splendeur du timbre offrant une infinie palette de nuances, toujours savamment dosées, une technique infaillible leur autorisant des prodiges de legato et de mezza-voce, un chant toujours châtié, le sérieux absolu de l’artiste qui se sait avant tout au service d’une œuvre, l’italienita aussi. Juste après-guerre, Fricsay auditionnant le jeune Fischer-Dieskau pour Don Carlo avait dit « Où avez-vous trouvé un baryton italien à Berlin ? ». Pour documenter cette collaboration unique, deux intégrales de légende : Le Don Carlo de Solti pour Decca, le Rigoletto de Kubelik, qui n’a jamais quitté le catalogue Deutsche Grammophon… et cet album Orfeo, centré sur Verdi. Les deux artistes sont un peu dans leurs marges dans le duo des Pêcheurs de Perles, réserve minime. Leur entente, idéale, fait de cet album un régal de bout en bout. Accompagnement efficace d’un Lopez Cobos à la hauteur de l’événement. Un album qui doit figurer dans toute discothèque d’opéra. (Olivier Gutierrez)
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