Formidable ensemble conçu par le Klavier-Festival Ruhr pour son édition 2016 : mettre Brahms en perspective avec deux génies qu’il aura inspirés à la génération suivante, Ferruccio Busoni et Max Reger. Sur le papier cela pouvait sembler quasiment aride mais le choix des œuvres et celui de leurs interprètes forment un coffret aussi brillant que sensible, confrontant les grands gestes des cahiers de Variations avec la poétique savantes des cycles de pièces lyriques ou narratives. Christopher Park ouvre le bal avec une lecture pleine de caractère, chevaleresque, des "Variations Haendel", où son art des accents, sa diction pianistique si particulière s’emploient à merveille, Joseph Moog lui répond du tac au tac avec une interprétation supra virtuose, comme dessinée à main levée, des redoutables "Variations Telemann" de Reger, opus majeur qui déploie un geste fastueux, et confronte une autre vision du modèle baroque, plus froide, plus radicale de propos au brillant kaléidoscope déployé par Brahms. C’est le premier disque d’une vraie fête de piano, qui sonne tel manifeste de la jeune génération des claviéristes qui animent la scène allemande. Au sommet chez Brahms, Fabian Müller est hallucinant de poésie dans les mezza-voce de l’Opus 118, Gina Alice très surprenante d’imagination lyrique dans les "Ballades" et Louis Schwitzgebel imaginant un orchestre pour la Première Rapsodie me bluffe. Anna Tsybuleva trouve les chemins secrets de l’Opus 76 avec une aisance déconcertante. Au chapitre Brahms tout et tous sont ici parfaits. Revenant à Reger, Joseph Moog ne se départit pas de sa virtuosité pour incarner la poésie des magiques "Traüme am Kamin" où le compositeur reprend la plume que Brahms aura laissée, esseulé, après l’Opus 119 hélas absent ici : j’aurais tellement aimé y entendre Fabian Müller. Tout est si bien conçu si intelligemment réalisé, jusque dans les trois opus de Busoni dominés par une lecture confondante de justesse de la Sonatina Seconda selon Fabian Müller, justement. Ces trois disques deviennent vite un labyrinthe où se tissent des correspondances merveilleuses non seulement entre les œuvres mais également entre les pianistes. Album imparable, à mon sens parfait, jusque dans la qualité de ses captations et de son édition (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) "Johannes Brahms’s piano oeuvre was one of the 2016 Ruhr Piano Festival’s main themes. That emphasis is reflected, naturally, in the choice of works for our annual boxed set of CDs, along with the anniversaries of two further composers, the wor ks of whom are – quite unjustly – seldom performed: Max Reger (marking the 100th anniversary of his death), and Ferruccio Busoni (celebrating the 150th anniversary of his birth). Brahms’s Variations and Fugue on a Theme by Handel, op. 24, can be viewed as an act of artistic liberation, here in a version by young German-Korea n pianist Christopher Park, who performed his début recital at the Festival. Finally, Max Reger’s technically and musically challenging Variations and Fugue on a Theme by Georg Philip Telemann, op. 134 are heard in a virtuoso rendition by Joseph Moog. Max Reger’s Watercolors (Aquarelles), op. 25, pay homage to the Romantic piano tradition, performed by Anna Tsybuleva, whom we inv ited as the laureate of the 2015 Leeds Competition. Then we hear Reger’s Dreams at the Fir eside, op. 143, in an interpretation with which Joseph Moog left his audience thoroughly satisfied. This CD also contains several epochal works by one of the most influential composers and musical t hinkers of the early 20th century: Ferruccio Busoni. Here Busoni dared to explore uncharted terr itories and wrote music clearly oriented towards the future. Our third CD is exclusively devoted to the piano oe uvre of Johannes Brahms. “And he has come: a young man over whose cradle Graces and Heroes have stood watch”: those were the words with which Robert Schumann paid tribute to his young col league’s artistry. The Vier Balladen, op. 10 are an early work which Brahms composed in Düsseldorf i n 1854: here 22-year-old Gina Alice displayed her impressive keyboard mastery when she gave her début Ruhr Piano Festival recital this year. Those four poetic gems are followed by t he Seven Fantasias, op. 116, and the Six Pieces for Piano, op. 118: two late cycles that contain so me of Brahms’s most well-known miniatures. The third CD closes with the wonderful Rhapsody No. 1 i n B Minor, op. 79, in a multifaceted, congenial interpretation by Louis Schwizgebel – a further déb ut recital at this year’s Festival".
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