Le grand Concerto pour violon qu’Edvard Elgar écrivit en 1909 pour Fritz Kreisler reste un mystère pour bien des violonistes : Jascha Heifetz s’y perdit, alors que Campoli en trouva d’emblée la lyrique effusive. Rachel Barton-Pine semble lui emboiter le pas par son jeu si physique, mais en accord subtil avec la battue d’Andrew Litton, elle y ajoute une compréhension intime du grand rubato qu’Elgar distille tout au long de son œuvre, élément essentiel de sa grammaire. Si l’on joue cette partition sans en varier les temps musicaux, elle meurt sous vos doigts, ici elle chante et se pâme, s’envole et se replie, plane et s’élève. Un violon ? Un oiseau, comme si l’Alouette de Vaughan Williams était née de ce concerto, s’en était envolé cinq ans plus tard. De bout en bout ce violon ose des phrasés inouïs de lyrisme, un jeu subtilement modelé jusque dans les éclats, une ferveur parcourt l’archet de Barton-Pine comme l’orchestre qui l’enserre ou la transporte, c’est une tout grande version de l’œuvre, l’un des plus radicales et peut-être la plus juste que j’en ai entendue depuis les propositions flamboyantes de Dimitri Sitkovetsky et de Pinchas Zukerman. La même intensité physique imprime au Premier Concerto de Bruch une urgence sombre qui me fait espère que cette violoniste magnifique poursuivra en enregistrant la Fantaisie écossaise et les autres Concertos. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Si les nombres en sont les fondations, l'alchimie seule transforme l'édifice musical en miracle renversant les lois mathématiques lorsqu'un et un ne font plus qu'un. Or, de la complémentarité de Rachel Barton Pine et d'Andrew Litton, nous ne pouvons guère que souligner le déséquilibre. Un et un font deux, les individualités restent prisonnières de la pluralité mais la violoniste américaine concentre à elle seule l'intérêt et la valeur (relative) de cet enregistrement. Son lyrisme, sa poésie, son engagement dans l'effusion mais aussi sa personnalité à plusieurs facettes (elle se produit régulièrement avec des groupes de Heavy Metal) nous rappellent Nigel Kennedy qui enregistra deux fois le concerto d'Elgar avec des chefs d'orchestre se distinguant par la conduite de la grande ligne, l'art de préserver dans les plus intenses paroxysmes une élégance, un style. A l'opposé, la direction de Litton se montre poussive dans ses écarts de dynamique creusés de façon brutale et caricaturale (crescendos et sforzandos = tickets pour les montagnes russes ?) Parsemée de doubles forte aux sonorités épaisses, quelque peu écrasantes, elle met souvent à rude épreuve la violoniste par son caractère fluctuant. Faute d'être portée par son partenaire, Rachel Barton Pine n'atteint pas toute la plénitude de son art. Au lieu d'une générosité rendant justice à celle des œuvres dans l'immersion et la communion, nous entendons l'impuissante agitation d'un orchestre palliant en vain son absence d'abandon, de noblesse, de subtilité et donc de chant intérieur, absence d'autant plus regrettable que ces qualités caractérisent le jeu très inspiré de la violoniste. Demi-réussite, demi-échec, qu'importe, réécoutez Kennedy et Vernon Handley. (Pascal Edeline) Billboard chart-topping violinist Rachel Barton Pine releases her 36th album and fourth for AVIE with her first recordings of two repertory staples, violin concertos by Edward Elgar and Max Bruch. The two works – Elgar’s only concerto for violin and Bruch’s first – straddle the turn of the 20th century but have in common a Romantic hue which Rachel probes with her rich, soulful tone. The album is dedicated to “the memory of a musical hero and generous friend, Sir Neville Marriner,” who was to have reunited with Rachel on this album. She was fortunate to work with him on the scores, with Sir Neville vividly relating accounts of his teacher Billy Reed, former leader of the London Symphony Orchestra, who collaborated with Elgar on the creation of his violin concerto. Grammy Award-winning conductor Andrew Litton brings his own Romantic pedigree to the recording, as does the BBC Symphony Orchestra and celebrated producer Andrew Keener who himself has overseen award winning versions of the Elgar and Bruch concertos.
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