"Till eulenspiegel", poème symphonique de Richard Strauss ? Pas cette fois. Fritz Wullmer avait pourtant crée le 5 novembre 1895 la fantaisie hilarante du bavarois,mais Emil Nikolaus von Reznicek ne résista pas à la tentation. Pour fêter le XXe Siècle l’enfant terrible de Vienne brossa les aventures de Till dans un poème symphonique tout aussi étourdissant qui n’aura pas mérité de demeurer si longtemps dans l’ombre de son ainé de cinq ans. L’excellent Markus Bosch vous le fait virevolter, comme d’ailleurs tout le reste de ce programme d’œuvres courtes qui constitue le 9e volume de l’édition courageuse et nécessaire que consacre CPO à cette figure majeure de la Vienne post-romantique. Au centre une merveille, un Concerto pour violon plein d’humour, tout enrubanné de baroqueries, une œuvre pour sourire, irrésistible pastiche qui accompagnerait à la perfection un film de Lubitsch. Quelle imagination débordante, qui n’est pas sans rappeler la manière que Richard Strauss mit à sa Burlesque. Baroque aussi le "Praeludium und Fugue", mais on croirait que Busoni y a glissé sa plume faustienne. Là encore, quel art de l’orchestre. Le disque se referme sur une merveille, un "Nachtstück" où le violon nacré de Sophie Jaffé, l’héroïne du Concerto, revient chanter dans un paysage de pure magie : des cors, une harpe, les cordes, et ce violon qui chante comme la scène finale d’un opéra de Strauss, de Korngold ? Plutôt Capriccio. Mais même si Reznicek est conscient des maitres qu’il vénère, sa création, sa créature, n’est qu’à lui. Quel compositeur !, qui enfin rejoint le concert de Vienne, celui de Mahler, de Strauss, de Berg, de Weigel, de Wellesz, de Schmidt, où il retrouve enfin sa place. CPO annonce un prochain volume, rien moins que son opéra de 1929, "Benzin". Je vais guetter ça ! (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Après ses cinq symphonies et deux premiers opéras déjà parus chez CPO, les œuvres rassemblées et jouées ici sous la baguette inspirée du chef Marcus Bosch confirment l'exceptionnelle qualité de la production du Viennois Emil von Reznicek. Cet exact contemporain et digne épigone de Richard Strauss avait jusqu'alors été sauvé de l'oubli par son ouverture Donna Diana, seule page encore présente au disque dans quelques rares anthologies. L'intermède "Till l'Espiègle" extrait de l'opéra éponyme est un brillant scherzo illustrant la folie et la liberté de ce truculent personnage mais, à la différence du poème symphonique de Strauss, il en souligne également l'émouvante gravité. Goldpirol et Nachtstück traduisent l'influence décisive de Mahler : l'orchestre de Reznicek se pare soudain de sonorités nouvelles, cordes et harpes usent du registre aigu pour nous parler des mystères de la nuit, tandis que les bois aigres-doux manient humour et ironie pour décrire le chant d'un loriot dans la forêt alpine. Néoclassique, éminemment lyrique et mélodique, le Konzertstück pour violon et orchestre s'inscrit délibérément dans la tradition du concerto virtuose romantique et regarde avec insistance vers celui de Mendelssohn dont il partage la grâce, le charme et la spontanéité. Frôlant parfois l'atonalité, l'imposant et solennel Prélude & Fugue signe un hommage appuyé à Bach et Bruckner tout en s'enracinant résolument dans le vingtième siècle. (Alexis Brodsky) The musical chameleon Emil Nikolaus von Reznicek is perhaps the composer of German late romanticism who had the most multifaceted style and is the most difficult to classify. Prior to the inauguration of cpo’s grand edition of Reznicek’s major works a few years ago, he was known to classical music fans solely as the composer of the Donna Diana Overture. In the meantime things have changed: on our many Reznicek releases listeners can experience for themselves all the stunts – seriously intended ones, mind you – performed by this master of metamorphosis. And things are no different on our latest CD release. Take, for example, the Goldpirol Overture: "In its bright and carefree mood, the piece reflects the vacation atmosphere by Tegernsee’s lake; in a broader sense, it also has to be regarded as a ‘satyr play’ going along with the preceding Tragic Symphony. The Goldpirol (Gold Oriole) motif quite naturally suggests the picture of a bird flying through the woods in the Alpine foothills. However, one might also think of Reznicek himself, who as an avid Nimrod frequently and fondly spent time exploring the world of nature. One would also tend to think that he was the one more capable of the stop at the Tegernsee Brewery, which had a wind band that is quite unmistakably heard in the middle part and shows the word ‘idyllic’ in an ironic light. In this respect one might also regard the work as an ironic commentary on the depictions of nature in Mahler’s symphonies". (Michael Wittmann)
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