D’où Franz Xaver Richter tenait-il le sens du pathétique qui anime cette "Deposizione" ? Probablement de son temps de Mannheim où, chantant de sa belle basse et jouant en virtuose du violon il fut de tous les concerts d’importance. Un style s’y formait, expressif, exalté, qui annonçait le Sturm und Drang. Il en reste bien des éléments dans le récit de la descente de croix de Jésus et de sa mise au tombeau, qui parent les sentiments des protagonistes de musiques souvent émouvantes, toujours somptueuses et ici enregistré en première mondiale. Si Richter consent à l’écriture de style galant, il n’oublie jamais de caractériser les personnages, et surtout Jean et Marie Madeleine. L’écriture vocale ornée exige des gosiers virtuoses, rompus de plus à ce style si particulier de l’action sacrée, Richter demeurant au fond assez proche des principes et des formulations mises en œuvre par Johann Fux dont il fut très probablement l’élève à Vienne. Derrière l’élégance du geste de surprenants paysages psychologiques se dessinent au long des arias ornées, et lorsque le chœur déplore ou tonne, une vertigineuse écriture contrapuntique se déploie. La couleur de la langue italienne – c’est le seul ouvrage de Richter s’appuyant sur un texte ultramontain – achève de donner un ton singulier, proche de celui des grands oratorios romains, à cette Deposizione que Roman Valek porte avec éloquence, chœur et orchestre ardent, quatuor vocal parfait dominé par la Magdalena virtuose de Katerina Knezikova. Quelle autre partition de Franz Xaver Richter va ressusciter demain cette brillante troupe ? (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) When Franz Xaver Richter became member of the famous Mannheim orchestra in 1746, he found himself in the very centre of the progressive European music scene where a new era was being born in a proverbial melting pot of various influences. However, Richter never gave up his traditional baroque “craftsmanship” and after making himself acquainted with the most successful oratorio libretto by G. C. Pasquini, he set it to music entirely within the boundaries of his characteristic style, combining baroque composition principles (Fux--like counterpoint choruses) with the achievements of the nascent classicist style. For this he used the new 1744 version of the libretto intended for J. A. Hasse. La Deposizione, Richter’s only Italian oratorio is a Good Friday pondering of Jesus’s disciples over God’s unconditional love and Christ’s suffering on the cross. For the first time (and probably also the last) it was performed on the Good Friday of 1748 in the Mannheim court church of The Visitation of Our Lady. After the Strassbourg Requiem (Supraphon SU 4177--2), this premiere recording is another gemstone that the Czech Ensemble Baroque have added to the mosaic of Richter’s remarkable, still little--researched oeuvre.
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