 C’est encore Bach qui fait d’abord le prix de la réédition de tous les enregistrements Telefunken de Géza Anda rassemblés par Audite sur un CD de…87 minutes et 21 secondes. Si les deux cahiers de Schumann (Carnaval, Etudes Symphoniques) la Sonate Hob. XVI n°23 de Haydn et la Sonate K. 576 de Mozart n’avaient pas reparues depuis le microsillon, la Seconde Partita n’exista qu’en 78 tours. Vingt ans avant l’autre écho de cette oeuvre que l’on ait sous ses doigts – à Salzbourg le 15 aout 1972, concert publié par Orfeo – tout y déjà, le modelé de la phrase longue et fluide, l’unique grande ligne qui tend au travers des six mouvements une arche sereine, la vitalité du toucher, un zeste d’objectivité que viennent nier quelques alentissements expressifs : Anda est à la croisée des chemins, son Bach en 1951 est bien moins évident que celui de Kempff en 1963, mais il est d’autant plus précieux venant d’un artiste dont la rigueur et l’absence de sentimentalité s’emploieront plus radicalement chez les classiques et les romantiques. Les deux cahiers de Schumann sont emblématiques de son style conquérant, la Sonate de Haydn d’une logique imparable dont la fantaisie n’est pourtant pas absente et la Ré majeur de Mozart, chantée à pleine voix mais jouée pourtant sèche – écoutez le débrouillement des différentes voix de l’allegro, on a l’impression d’entendre Gould ! - surprend en bien. Ce disque dévoile aussi quelques rares clichés et propose un essai éclairant signé Rudiger Albrecht (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé)  « Je ne savais rien mais j'y croyais » plaisantait Geza Anda à propos de ces enregistrements (il avait une trentaine d'années) pour Telefunken en 1950 – 1951 republié ici par Audite. En effet c'est bien le témoignage d'un homme jeune, tout en spontanéité mais déjà brillant d'une intelligence aigüe du texte. Ses Schumann d'abord. Etudes symphoniques qui avancent à tâtons quite à surprendre quand le pianiste chopinise. Carnaval gorgé d'ironie et de vélocité digitale (A.S.C.H – S.C.H.A). Tout le sel schumannien est là, et heureusement sans pathos. La deuxième Partita est abordée avec ce qu'il faut de profondeur et de sobriété (les ornements si propres !). Avec en plus un sens inné de la dynamique contrapuntique (Eblouissant Capriccio final). La petite sonate en fa de Haydn jouée alla fresca est d'un galbe parfait. Mais la vraie rareté de ce disque est la sonate de Mozart K576. Probablement le seul enregistrement qui nous reste du pianiste suisse-hongrois, grand mozartien s'il en fut, d'une de ses œuvres pour piano seul. Un trésor qu'on garderait jalousement dans son écrin de carton brut s'il l'on avait par bonheur possédé la cire originale (reproduite dans le boitier). A noter le minutage maximal du CD : un peu plus de 87 minutes. (Jérôme Angouillant)  This CD, presenting Géza Anda’s Telefunken recordings of 1950 and 1951, re-mastered for the first time, closes the last major gap in the discography of the Swiss-Hungarian pianist. In works by Bach, Haydn, Mozart and Schumann, Anda accomplished the transition from brilliant virtuoso to sophisticated musician.
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