De Dinorah, on ne connaissait plus guère qu’Ombre Légères, grâce à Maria Callas qui, en italien, y osait des coloratures belliniennes tout à fait à propos. Après tout, l’héroïne de Meyerbeer pourrait être un double de l’Amina de la Somnambula. Opera Rara avait tenté de sauver l’œuvre de l’oubli par une courageuse première gravure mondiale en 1979. Las, malgré l’incarnation sentie de Deborah Cook, une vaillante troupe anglophone butait sur le livret de Jules Barbier et Michel Carré, sinon Della Jones en Gotherd. Cette fois le concert capté à Berlin révèle toutes les beautés de cette partition commandée pour l’Opéra comique dont Meyerbeer outrepassa vite les canons comme le format (d’ailleurs à la suggestion même de son directeur Emile Perrin). Sur un fond de légendes bretonnes, avec troupe de chasseurs, trésor maudit, chevrière demi-folle et manipulation psychologiques divers, Dinorah est un petit chef d’œuvre où Meyerbeer s’amuse à tordre le cou de l’Opéra comique à la française. A vrai dire il n’en reste plus que les dialogues, écourtés, et ce pleutre de Corentin, personnage ridicule bien dans la tradition d’un genre issu lointainement du théâtre de la Foire. Mais ailleurs, c’est un drame romantique qui se joue, magnifiquement défendu pour le chant comme pour l’incarnation par un duo formidable : Patrizia Ciofi est touchante au possible sans renoncer au brio dont Meyerbeer aura revêtit le rôle de Dinorah, Etienne Dupuis fait assaut de beau chant pour camper le sombre caractère d’Hoël, Enrique Mazzola dirige l’orchestre comme si Weber l’avait composé. Et voila une résurrection accomplie ! (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Etrange destin que celui de Dinorah : unique opéra-comique de Meyerbeer, dernier avatar d’un genre bien français, la pastorale, l’œuvre fit un triomphe à sa création, puis disparut de l’affiche, sans doute en raison de la difficulté du rôle-titre, mais connut une assez belle carrière en Angleterre et en Italie, dans des versions remaniées. Plutôt que de valoriser notre patrimoine lyrique, l’Opéra de Paris préfère programmer les œuvres les plus rebattues avec des chanteurs bankables. C’est donc la Deutsche Oper de Berlin - soutenue par le valeureux label CPO - qui reprend le flambeau, et Patrizia Ciofi triomphe dans un rôle à l’exacte mesure de ses moyens vocaux : avec les années, le timbre s’est étoffé dans le medium, la colorature a gardé toute sa souplesse et sa précision, nous valant une Ombre légère anthologique. Philippe Talbot joue de son joli ténor pour composer un Corentin poltron mais attendrissant. Etienne Dupuis, prodigieux acteur, est antipathique au possible en Hoël jusqu’à son air de remords d’une élégance de phrasé et d’une émotion irrésistibles. Toujours attentif à ses solistes, Enrique Mazzola sait varier les atmosphères, du bucolique du premier acte au fantastique du ravin au trésor, il est vrai que l’orchestre est un habitué du Freischütz. Une partition magnifique. Une résurrection qui s’imposait. (Olivier Gutierrez) Following our successful release of Giacomo Meyerbeer’s opera Vasco da Gama , a production awarded the Echo Prize for the Best Editorial Achievement of 2015, we are now also eager to present to you another opera by the same composer. Most opera fans know Meyerbeer’s Dinorah only from a single recording. For a long time it was the interpretation of the madness aria »Ombre legère« by Maria Callas that earned its title figure mention as the sister of other great opera heroines like Donizetti’s Lucia, Amina from Bellini’s Sonnambula, and Ophelia from the Hamlet of Ambroise Thomas: she too flees from a world that no longer understands her and seeks refuge in madness. In its complete form, however, the opéra comique Dinorah ou Le Pardon de Ploërmel continues to await discovery. Here Meyerbeer, late in his life, succeeds in producing playful, poetic, and humorously ironic evocations of the world of romantic spirits and fairies. Meyerbeer’s setting of the story focusing on the lovers Dinorah and Hoël, separated under mysterious circumstances during a pilgrimage and then happily reunited, mixes lyrical, folkloric, and comical elements lending the music a subtle color palette all of its own.
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