Platti fut engagé en 1722 à la Cour du Prince-Evêque de Würzburg, en tant que claveciniste, violoncelliste, oboïste, violoniste et chanteur (ténor). Il devait y effectuer la totalité de sa carrière, et y décéder en 1763 à l’âge de 65 ans. Natif de Padoue, il partit étudier à Venise avec Gasparini, mais certainement aussi avec d’autres maîtres vénitiens comme Albinoni, Lotti, les frères Marcello, ou Vivaldi, collègue de Gasparini à l’Hôpital de la Pieta. Son œuvre très variée comprend à côté d’œuvres religieuses surtout de la musique instrumentale, avec des concertos pour tous les instruments qu’il maîtrisait (essentiellement clavier et violoncelle), des symphonies, des adaptations en concertos pour cordes des sonates opus 5 de Corelli (à l’instar de Geminiani), ainsi que des sonates en trio, pour instrument solo et continuo, ainsi que 18 sonates pour clavier (clavecin, clavicorde, orgue de chambre, ou pianoforte). On sait que Platti eut l’occasion d’entrer en contact avec le nouvel instrument en 1722, grâce à la Governeresse de Sienne, qui avait ramené un pianoforte de Florence. Ces sonates très développées, en quatre mouvements (le doublement des menuets ou l’inclusion de trios peut créer l’illusion de sections plus nombreuses), ont été publiées en deux recueils de 6 œuvres chacun en 1742 et 1746 respectivement, les six dernières restant inédites. Ces œuvres essentiellement italiennes, dans leur style, leur indications agogiques et leurs mélodies, ne font que de légères concessions au style français avec quelques « Menuets » et une « Polonaise ». On a voulu y trouver les prémisses de la forme sonate classique, ainsi que d’un « ton nouveau », à une époque qui voyait l’émergence du style galant. On doit pourtant constater que le souffle de la modernité est bien plus présent chez ses contemporains vénitiens Alberti (décédé très jeune l’année de parution du deuxième recueil de Platti) ou Galuppi, ou chez le milanais Sammartini, par exemple. L’influence majeure qui apparaît en filigrane dans ces sonates est celle de Domenico Scarlatti, et étrangement, de Rameau dans certains passages. Nulle trace de ses grands contemporains allemands compositeurs pour le clavier. Platti réalise une synthèse harmonieuse d’éléments variés en créant un langage très personnel. Le seul regret concernant cette belle intégrale est l’omission inexplicable du pianoforte comme médium possible de ces sonates à côté du clavecin, de l’orgue de chambre ou du clavicorde, utilisé lui aussi parcimonieusement (une seule sonate). (Jean-Michel Babin-Goasdoué) 18 keyboard sonatas from a little-known yet individual voice in the rapidly developing era between Bach and Mozart: music on the cusp of revolution. Having recorded for Brilliant Classics the complete organ music of J.S. Bach (15CD, BC95105) and Kuhnau (BC95089, 3CD), the Italian organist and keyboard performer has turned his attention to the less-familiar output of Giovanni Benedetto Platti (1697-1763). As his dates might imply, Platti’s career and music bridged the evolution from Baroque to Classical idioms, much in the same manner as Bach’s son Carl Philipp Emanuel did, and with a comparable brilliance of invention. The influence of Italian Baroque masters such as Corelli, Vivaldi and Marcello is plain to hear in the the sprightly cast of his quick melodies and their working out over a solid ground bass. However, Platti was also acclaimed as a singing teacher, as well as being a renowned singer in his own right. Many passages in his sonatas are endowed with a native Italian lyricism of opera, though in fact Platti left Venice for Germany in 1722 and established himself at a royal court in Würzburg. Platti’s long career in Germany left its mark on his music in terms of harmonic and formal innovation: many movements in these sonatas take unpredictable detours into remote keys, and the slow movements such as the Larghetto aria of the Second are cast in a plaintive, melancholy mood that bears passing resemblance to the slow dances in the English Suites of Bach. This reconciliation of Venetian Baroque with nascent bel canto and German rationalism makes Platti’s sonatas an object example of the stile galante which is gaining ever more attention on record thanks to the rediscovery of many hitherto unheard works in the modern age. Stefano Molardi performs them on this album with three different instruments according to the character of each work: a German-model fretted clavichord, a harpsichord built on a 17th-century Italian model, and a 1713 organ by Giuseppe Bonatti, to be found in the Sanctuary of the Blessed Virgin of Valverde in the province of Brescia.
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