L’Italie n’était qu’opéra lorsque, franc-tireur absolu, Giuseppe Martucci initia le renouveau de la musique instrumental transalpine. Se doutait-il qu’il ouvrait la voie à cette renaissance qui prendra son essor au début du XXe Siècle avec Casella, Respighi puis Malipiero ? Ses œuvres d’orchestre, sa musique de chambre sont maintenant connues, aimées, mais ses opus de piano restaient encore dans l’ombre. En voici parmi les plus significatifs. Dans les "Six Pièces", l’ombre de Schumann est omniprésente, mais avec une pointe de fantaisie ultramontaine, et même un coté pièce de caractère : une marche orientale, une fois entendue, ne s’oublie plus. Schumann cède la place à une écriture bien plus latine dans la "Novella" et la "Fantasia", dont l’écriture débridée à quelque chose de fauréen, comme les deux admirables "Nocturnes op. 70", leur bel canto ombreux rappelle à quel point Martucci fut un génie de la nostalgie en musique. Alberto Miodini joue tout cela plus poétique que brillant, qui songerait à le lui reprocher, d’autant que son piano un rien mat le lui commande. Belle découverte (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Giuseppe Martucci est une figure majeure de la musique italienne, dont la musique regagne petit à petit l'audience qu'elle mérite. Sa deuxième Symphonie a été pourtant défendue par Toscanini et son deuxième Concerto pour piano figurait au programme du dernier concert dirigé par Mahler. Ayant choisi de se tenir éloigné de l'opéra, Martucci s'est tourné vers les modèles allemands. L'opus 44, œuvre de transition, s'ouvre par un hommage à Schumann (Capriccio), et à Mendelssohn. Il y mêle des pièces de salon charmantes (Nocturne) avant de conclure par une ébouriffante Tarentelle qui rappelle Scarlatti. Compositeur en perpétuelle évolution, il ose une Fantaisie ambitieuse, rhapsodique et virtuose dans une filiation lisztienne. On y trouve un sens de la construction qui annonce sa seconde Symphonie. Ayant étudié les œuvres de Wagner (il dirigea la première de Tristan en Italie), il s'imprègne de ses harmonies envoûtantes dans les deux Nocturnes op.70, véritables chefs d’œuvre dont le premier est parfois joué dans son adaptation orchestrale. Le pianiste Alberto Miodini est manifestement à son aise dans ce répertoire. On espère une suite, avec les pièces tardives aux saveurs brahmsiennes si rarement jouées. (Thomas Herreng) The symphonies and tone-poems of Giuseppe Martucci (1856-1909) have retained a place on the fringes of the repertoire outside his native Italy thanks to advocacy by Arturo Toscanini and, latterly, Riccardo Muti. Martucci was a man of protean talents and unflagging energy, who excelled as a composer, pianist, conductor, teacher and moving force in musical culture. The direction of that force was set against the prevailing operatic scene of contemporary Italy – except, notably, where it intersected with German music. Thus he conducted Brahms, Liszt and especially Beethoven, as well as the Italian premiere of Tristan und Isolde. His own piano music is a continuation of the Lisztian tradition – at least, it becomes so, after flirting with the world of salon music in his early 20s. The six Op.44 pieces are a much more substantial synthesis of elements from Italian popular culture – the gondoliers’ barcarola, the mule-drivers’ tarantella among them – with a wideranging, elaborately contrapuntal and fiendishly virtuosic style which owes much not only to Brahms and Liszt but to the composer’s formidable powers of performance. The Novella Op.50 and Fantasia Op.51 experiment with more delicate textures in the manner of Chopin, and this tendency is further explored in the two Nocturnes Op.70, which move the form into late Lisztian realms of crepuscular harmony and dreamy phrases; the first of these Nocturnes became known in the early years of the last century through an orchestral transcription which was often programmed by Toscanini. The pianist Alberto Miodini has studied these little-known works for years and written the introductory essay for these new recordings. This is his second recording for Brilliant Classics, after a well-received 4CD set (BC94806) of Schubert’s piano miniatures and free-standing pieces such as the Impromptus.
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