 Longtemps les trois Sonates pour violon et piano d’Edward Grieg restèrent mal aimées des violonistes. Yehudi Menuhin, conscient de leur valeur, les enregistra avec Robert Levin, album qui resta méconnu. Deux violonistes français, Olivier Charlier puis Augustin Dumay, en offrirent des lectures classiques, épurées, mais j’attendais depuis longtemps un enregistrement qui rendit justice à leur caractère fantasque, à leur écriture savoureuse pétrie de thèmes populaires mais d’une audace de vocabulaire sidérante. Les trois sonates sont toutes du très grand Grieg, même si la Deuxième, prodigieuse d’audace, s’impose comme un chef d’œuvre de sa musique chambriste, au même titre que le grand Quatuor. La voila enfin cette version, qui pourrait tenir la dragée haute aux anciennes gravures de Leonid Kogan (trop âpre parfois), car le jeu fusant de Franziska Pietsch parcourt les trois œuvres d’un archet plein d’autorité, généreux, ardent, sans oublier les parenthèses lyriques qu’exaltait avec tant d’art Ingolf Turban dans son album pour Claves. Mais Turban ne possédait pas ce grand son rayonnant qui est l’apanage de la virtuose allemande. Si j’ajoute que le piano de Deltev Eisinger déploie des paysages quasiment orchestraux, vous l’aurez compris, le premier album de ce duo pour Audite est déjà à thésauriser (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé)  Franziska Pietsch and Detlev Eisinger make their audite debut with chamber works by Edvard Grieg. The three Violin Sonatas represent half his oeuvre in this field, epitomising central stages in his artistic development: his emancipation from the inspirational proximity to Schumann, references to Norwegian folk music, and his expansive use of themes and time. Grieg rated these three sonatas amongst his best works.
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