A chaque fois que je m’immerge dans les pièces lyriques de Grieg, elles m’émerveillent. La variété des registres poétiques, l’écriture pianistique harmoniquement si novatrice à laquelle Debussy s’abreuva pour ses Préludes, l’hésitation entre musique illustrative et musique évocatrice, tout demande un très grand pianiste. Walter Gieseking, les lisant justement à rebours depuis Debussy en a signé une version majeure, Emil Gilels y ajouta son anthologie plus affirmative et Sviatoslav Richter lui-même en a débusqué les principales gemmes avec une invention dans la sonorité stupéfiante. Il faut leur adjoindre aujourd’hui les 27 opus que Stephen Hough a sélectionnés, allant d’un même geste du très connu au rarement joué en dehors des intégrales : un clavier intime, aux couleurs subtiles, qui fait miroiter toute la complexité harmonique des textes. Stephen Hough a pour lui son art de poète, son toucher profond et pourtant sans poids, et un magnifique Yamaha boisé, qu’il fait parler comme personne. Ne cherchez pas ici les éclairs géniaux dont Gilels ou Richter parsemaient leurs voyages : comme toujours le propos du pianiste anglais vise à l’intime, et sa science du clavier pousse délibérément Grieg vers Debussy, gommant l’aspect pièce de genre pour mieux exalté le panthéisme de ces musiques. Delius aurait applaudit (Discophilia, Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) De formation germanique mais s'étant ennuyé à Leipzig (pardon, ô Cantor !), Grieg trouva sa voie en ouvrant ses oreilles de troll lyrique à la musique populaire norvégienne. Il se fit apprécier à la fois par Brahms et par Tchaikovski, qui entre eux pourtant ne s'appréciaient guère esthétiquement. Ces 66 pièces en dix recueils dont ici une anthologie, c'est un journal intime sur plus de trente ans. En quelque sorte grand Albumsblätter (avec modèle schumannien), ou Romances sans paroles. Les paroles étaient plutôt pour sa cousine qu'il épousa, et qui cantatrice eut la primeur de ses mélodies. De ce compositeur peu iconoclaste (moins le vierge et vivace, que simplement le bel aujourd'hui), on se dit au fil de l'écoute : c'était un petit bonheur (Félix, comme Leclerc...) qu'il avait ramassé. Avec quelques morceaux virtuoses, deux ou trois tubes à reconnaître, d'agréables romances pour réclamer le soir (il descend, le voici). A ne pas écouter d'un bloc (pas plus que le piano de Tchaikovski). Mais en butinant comme ce bon Stephen Hough. Auquel il manque légèrement, pour animer davantage, ce gag irrésistible de déglutir un petit bout du parapluie qu'il aura possiblement avalé avant d'entrer en scène. Choix complémentaire ? Guilels, Andsnes, Eva Knardahl, notre si regretté Ciccolini. Grieg laissait lucidement Bach et Beethoven élever leurs ''temples et églises'' sur les sommets et ajoutait modestement : ''J'ai voulu bâtir pour les hommes des demeures où ils soient heureux et se sentent chez eux.'' Mélomanes sincères, voici votre clé. Même si sans taxe d'habitation par le plus haut génie. (Gilles-Daniel Percet) Depuis les débuts de l’ère du gramophone, les Pièces lyriques de Grieg ont attiré dans les studios les pianistes les plus talentueux. La brièveté de ces pièces y est sans doute pour quelque chose, mais pour plus encore, leur transparence intellectuelle. Stephen Hough, en vue de cet enregistrement, a choisi vingt-sept morceaux (sur soixante-six au total); une sélection généreuse embrassant chaque nuance d’émotion, chaque tonalité de la maîtrise pianistique. Since the dawn of the gramophone era Grieg’s Lyric Pieces have attracted the greatest pianists to the microphone. Their individual brevity played a part in this, of course, but rather more so did their intellectual transparency. For this new recording Stephen Hough has chosen twenty-seven (of the sixty-six), a generous selection encompassing every nuace of emotion, every tone of pianistic mastery.
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