Que l’œuvre d’un compositeur aussi considérable qu’Hans Sommer ait pu disparaitre corps et bien durant quasiment un siècle ne cesse de m’intriguer : chaque note de sa musique tombe juste, sonne personnelle, fait reconnaitre illico son style, sa signature, que ce soit dans ses ouvrages lyriques (on vient d’enregistrer son « Rübezahl », une splendeur), sa musique de chambre et bien entendu ses lieder, avec ou sans orchestre. Quel bonheur de voir Sebastian Noack dont j’avais tant gouté le disque Schumann chez Sony consacrer avec son fidèle Manuel Lange tout un plein album au versant des Ballades, ce genre retrouvé par les postromantique, Hans Pfitzner allant piocher chez Eichendorff et Richard Strauss chez Félix Dahn. Hans Sommer dédia à chacun de ces poètes tout un plein cahier alternant romances et ballades dans lesquels Sebastian Noack herborise de son beau baryton diseur. Il y a une pointe de génie dans la perfection psychologique de l’écriture de Sommer, comme dans la porosité de l’art de Noack à ces caractérisations si subtiles, si changeantes. Il faut avouer que ces musiques sont d’une telle beauté qu’elles s’entendent à faire succomber autant les interprètes que les auditeurs. C’est à un voyage vers le romantisme noir, vers les abimes du Rhin, vers des paysages de contes gothiques que Sommer nous convie, son art est si sûr, la puissance simple de ses évocations si imparable qu’il est impossible d’arrêter l’écoute de ce disque parfait, jalon essentiel dans la redécouverte d’un compositeur majeur du post romantisme germanique. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Il convient de ne pas se tromper sur les enjeux de cet enregistrement. Certes, Hans Sommer, compositeur prolixe aujourd’hui négligé, n’est pas un novateur. Cependant, il vaut sans doute mieux que l’oubli auquel il est présentement soumis ou ce que pourrait hasarder une définition – forcément réductrice et donc injuste – qui tenterait finalement de le circonscrire, usant de préfixes tels que post- ou sous-. Les lieder qui nous sont proposés ici s’écoutent avec un intérêt réel qui évitera qu’on les rapproche arbitrairement de l’œuvre de tout autre compositeur. On les apprécierait certainement encore davantage si l’éditeur avait eu la bonne idée d’en fournir les textes, directement dans le livret ou, comme annoncé, via un site compagnon sur lequel la recherche hélas ne semble finalement pouvoir aboutir, ceci valant surtout pour les poèmes de F. Dahn, le reste (Goethe, Eichendorff) étant souvent plus familier. Mais, forts d’une reconnaissance aujourd’hui incontestable, les deux interprètes, quant à eux, sont surs de leur fait, impliqués depuis plusieurs années dans la redécouverte de cette œuvre au service de laquelle ils se mobilisent avec art et conviction. La restitution est généreuse et expressive : un atout de poids et de choix pour cette plaisante redécouverte. (Alain Monnier) Today it has mostly been forgotten that one of the founding fathers of German music copyright, Hans So mmer, whose real name was Hans Friedrich August Zincken ( 1837-1922), was also a prolific composer. Although the close connection between music and the educated mid dle class was taken for granted, the act of composi ng – either as a dilettante or as a professional – was s till considered a hazardous venture. Hardly anyone could devote themselves entirely to composition without a dditional income from performance or teaching. Somm er took his first composition lessons in the 1850s, wh ile studying mathematics and physics with Prof. Jul ius Otto Grimm in Göttingen; and then with Adolf Bernhard Ma rx during an extended stay in Berlin. After returni ng to Braunschweig (Brunswick), his home town, in the 186 0s, he pursued his studies with Wilhelm Meves (1808 - 1871). Finally, in 1881, at the age of 47, Sommer w ithdrew into a more private existence to devote him self entirely to his musical inclinations – thereby aban doning his established scientific career (for insta nce, he had worked for the renowned Voigtländer camera firm). M usic history was in clear upheaval. Historiographer s tend to depict the blossoming of different styles by sel ecting certain composers or ‘schools’, but many mor e musical trends existed than we are aware of today.
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