Le claveciniste brésilien Nicolau de Figueiredo, maintes fois primés pour ses enregistrements, n’a certainement besoin aujourd’hui d’aucune présentation auprès des mélomanes français. Son jeu dynamique, coloré et vif fait cette fois-ci hommage aux Sonates de Haydn et au clavecin tout court ! Nicolau de Figueiredo appartient à cette classe de musiciens dont l'interprétation fait immédiatement autorité et renouvelle la perception qu'on avait d'une œuvre. On n'écoutera plus ces pièces-là de la même façon quand on aura — et avec quel plaisir — entendu ce disque. Cela vient d'abord du fait que c'est sur un clavecin et non sur un piano-forte ou un piano que sont jouées ces quatre sonates, toutes antérieures à 1780. Ce détail à la fois historique et musicologique prend toute son importance lorsqu'on apprend, comme le montre le livret d'accompagnement, qu'il « n'y a probablement jamais eu de piano-forte au château d' Esterházy avant 1790 » et que ce n'est qu'en « 1787 » que Haydn « commande un piano-forte pour son propre usage » afin de « se familiariser avec les nouvelles possibilités sonores » et de « les intégrer dans ses sonates ». Le choix du clavecin, outre qu'il est parfaitement justifié dans ces œuvres-là, est disons-le, supérieurement convaincant sous les doigts de Figueiredo?: c'est une conception esthétique nouvelle des œuvres qui se trouve d'un coup comme réveillée, le clavecin devenant l'instrument d'une sorte de psychanalyse musicale qui restitue des strates enfouies, proprement inouïes, et qui étaient devenues presque inaudibles, voire inimaginables. Cette restitution est lumineuse, éclairante, elle s'impose d'elle-même à travers le jeu époustouflant d'intelligence, de clarté, de dynamisme de l'interprète, de son articulation et de la façon incomparable dont son jeu respire et fait respirer ce qu'il joue. Remontent des profondeurs des œuvres de Haydn une espièglerie, un allant et une sorte d’humeur méditerranéenne qui évoque maintes fois Scarlatti, autre compositeur dans lequel Nicolau de Figueiredo fait par ailleurs merveille. Cette interprétation est d'autant plus transcendante — au sens fort du terme — que l'instrument choisi est superbe par la richesse de ses sonorités, et la profondeur de ses basses?: il contient en quelque sorte déjà, de toute façon, tous les instruments postérieurs dont on pourrait rêver. Un CD exceptionnel? ! (Bertrand Abraham) Avec ces quatre sonates parmi les plus belles et les plus célèbres de Haydn, le claveciniste brésilien Nicolau de Figueiredo réitère la réussite de son album consacré à Domenico Scarlatti (Intrada - 2006) en interprétant des œuvres certes antérieures à 1780, mais que l'on entend aujourd'hui beaucoup plus fréquemment au piano. Sur un instrument de 1749 qui sonne admirablement et sous des doigts d'une confondante virtuosité, ces pièces trouvent ici une transparence, une fluidité, une nervosité et une alacrité qui séduisent immédiatement. Qu'il s'agisse de la superbe et tourmentée Sonate en ut mineur (Hob. XVI/20) typiquement "Sturm und Drang" avec ses accents préromantiques, de la Sonate en si mineur (Hob. XVI/32) dont la vigueur, les rythmes et les silences du final annoncent Beethoven, de la joyeuse et spirituelle Sonate en ré majeur (Hob. XVI/37) un instant assombrie par son étrange et bref Largo e sostenuto central et enfin de la lumineuse Sonate en fa majeur (Hob. XVI/23) et son adagio élégiaque et rêveur, Figueiredo reste fidèle à l'esprit de chacune, déployant un jeu vif-argent d'une grande finesse et d'une constante musicalité qui met idéalement en relief la dynamique des rythmes, la clarté et la précision des lignes mélodiques. (Alexis Brodsky) Salué unanimement comme un des continuistes les plus imaginatifs de sa génération, Nicolau de Figueiredo a fait ses armes auprès de René Jacobs. Maître du récitatif et du répertoire vocal baroque, il a enseigné à la Schola Cantorum Basiliensis et au CNSM de Paris. Invité par les plus prestigieux festivals, il se consacre depuis quelques années à explorer le répertoire solo du clavecin. Les expériences du théâtre lyrique et de la musique de chambre ont apporté à ce virtuose une palette très riche en couleurs et en expression. Un fin mélange de science et d’imagination : le clavecin sonne sans réserve, les phrases musicales sont libres et ses interprétations pleines de vie et de séduction.
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