Jacques-Martin Hotteterre (?1674-1763)
Premier Livre de Pièces pour la flûte-traversiere… avec la Basse
Deuxiéme Livre de Pieces pour la Flûte-traversiere... avec la Basse
Pieces a deux Flûtes. Avec une Basse adjoûtée

J-M Hotteterre est la figure la plus brillante d'une dynastie musicale dont plusieurs représentants s'illustrèrent à Versailles. Dit "le Romain", pour éviter des confusions d'identité (référence à un probable séjour à Rome) — il cumula tous les talents qui se manifestaient de façon plus ou moins dispersée dans sa parenté : facteur d'instruments (flûtes, hautbois…) qu'il contribua à améliorer, interprète accompli, auteur de traités traduits de son vivant en plusieurs langues, il fut un pédagogue chevronné et le compositeur d'une œuvre encore pratiquée par tous les flûtistes baroques. Toutes ces facettes sont illustrées ici de façon bien plus généreuse que ne l'induit l'intitulé des CDs : outre les suites pour traversière et b.c., on y trouve en effet des morceaux pour flûte solo, à mi-chemin entre l'exercice et le prélude, des pièces pour deux flûtes avec basse, d'autres issues du traité sur l'"Art de préluder", offrant des modulations d'une belle audace. Les principes d'écriture du compositeur sont mis directement en pratique par les interprètes qui pourvoient du prélude qui leur manquait les suites 3 et 5, issues d'une séparation par moitié des suites 2 et 4, jugées probablement trop longues par leur auteur. Le génie des œuvres tient à l'habileté d'une construction où tout s'emboîte à merveille, et où l'ornementation, parfaitement dosée, est pourvue d'une fonction syntaxique essentielle (cf. ses effets dans la « cascade de St Cloud », ou dans le prélude de la Suite en ut mineur dans laquelle elle modèle et adoucit non sans toutefois la souligner une sorte de plainte descendante). Cette musique qui sait « toucher » exactement, évoque une gamme très subtilement nuancée d'affects (de la douleur grave à la joie expansive, en passant par l'indifférence ou la facétie). Interprétation inspirée, mais qui jaillit avec le naturel de l'improvisation et s'élève au niveau de celle des Kuijken avec R. Kohnen, dans un programme plus vaste. (Bertrand Abraham)

When spirits are low, the music of Jacques- Martin Hotteterre (1674-1763) is sure to raise them. Now the most celebrated member of a distinguished family of flute makers and players, he paid his way into the French royal court through his father’s well-rewarded success, and became ‘grand hautbois du roy’. In turn he passed the post on to his son, who married the daughter of the organist Balbastre. Jacques-Martin may himself have made instruments as his ancestors did, but it was for his playing and composing that he was most esteemed in his own lifetime. Even taking into account the prolific output of his contemporary Boismortier, there is surely no more dazzling and uplifting Baroque music composed for the flute and recorder than the suites of Hotteterre which are presented here complete in new recordings, led by the Madrid-based musician Guillermo Peñalver: the sessions took place in the magnificent chapel of San Lorenzo in the city’s Escorial Palace. Several quicker movements present the soloist with considerable technical challenges. The Allemande of the Third Suite appears to imitate waterfalls from the fountain in the gardens of Saint-Cloud through descending arpeggios. Yet the virtuosity is always lightly worn in Hotteterre, never written for the sake of sheer display but always to charm and delight the listener. Within the same suite is one of his most beautiful pieces, Le Plaintif; a simple rondeau with subtle, imperceptibly entangling ornamentation. In addition to the suites, Peñalver presents several brief flute solos, and then the two extraordinary Préludes in which Hotteterre sums up and condenses all of his skill, artistry and science. While nominally cast in D major and G minor, each of them moves through every key belonging to their respective scales in a remarkable feat of compositional ingenuity, introducing abundant changes of mood and character along the way: so much for the commonplace idea of the French Baroque as a polished idiom as orderly as the courtly etiquette which accompanied it.