Léos Janacek n’est pas si éloigné que cela de Béla Bartók - la musique populaire s’est infusée dans son propre vocabulaire, mieux, les mots ont composé le flux de sa musique, évidemment dans ses opéras, mais aussi dans ses œuvres instrumentales. Les cahiers de « poésies » populaires – sciemment il ne les nomme pas « mélodies » - occupent dans son œuvre une place marginale et pourtant déterminante. Il a noté très humblement dans deux albums – « Poésies populaires dans les chants d’Ukvalska » et « Poésies populaires moraves en chansons » - tout un répertoire de village, refrains et contes, les harmonisant à peine et leur laissant leur caractère dialogué. J’attendais beaucoup de Martina Jankova, si versé dans l’interprétation flamboyante des mélodies rurales. Elle respecte à la lettre l’esprit de simplicité des transcriptions, refuse de les sur jouer, c’est au fond assez bien vu. Du coup les deux recueils s’égrènent sans drame, on y reconnait quelques thèmes qui serviront à Janacek pour le catalogue de motifs dont son œuvre sera parcourue. Tomas Kral lui donne la réplique, laissant son baryton-basse au vestiaire : il chante le plus souvent dans le haut de sa voix, mots clairs, sentiments éloquents. Je referme l’album certain que j’y reviendrais (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) À partir de la grande œuvre Bouquet de chants populaires moraves (1890) qui ne comptait pas moins de cent soixante-quatorze chants, ont été sélectionnés, en 1908, les cinquante-trois « plus beaux chants » titrés : la Poésie populaire morave en chants, qui composent ce disque. Mélodies parfois très courtes, une demi-minute, qui traduisent toutes les facettes de l’aventure amoureuse, tendresse, bouderie, rupture, élans de passion, désespoir ou nostalgie, sur des textes recueillis par Franticek Bartos. On en distingue des chants imitant le tournoiement de danses endiablées, et, isolé par le compositeur, un cycle particulier de treize chansons populaires inspirées à Janacek par des refrains de son pays natal, pour lesquels le piano remplace et imite le cybalum. Le contenu est malheureusement opaque pour qui ne pratique pas l’anglais poétique ou l’allemand ; et le CD ne transcrit pas les titres des cinquante-trois chants : dommage ! Les voix sont belles : - Martina Jankova, soprano,au timbre frais et chatoyant, et Tomas Kral, baryton, timbre chaud et énergique -, toutes deux rompues à la mélodie - et celle-là est souvent exigeante sous une simplicité apparente - accompagnées par le piano, discret ou volubile, de Ivo Kahanek. (Danielle Porte) Leoš Janácek is one of the composers who brought fame to Czech music worldwide, and his Glagolitic Mass, Sinfonietta and mature operas are regularly performed on prominent stages around the globe. Yet the composer’s folk-based works have remained relatively little known, even though traditional songs pulsate in the very heart of his music, significantly forming his singular idiom, and serving as a source of inspiration without which Janácek’s oeuvre simply cannot be imagined. Owing to the artist’s collecting passion, today we can enjoy numerous lovely songs which have been preserved in both music scores and period audio recordings. The collections Moravian and Hukvaldy Folk Poetry in Songs contain the most beautiful of them all. Janácek left the songs in their pure form, afforded to them by the landscape and the people living in it, merely – and with the sensitivity of a precious painting restorer – furnishing them with congenial piano accompaniments. The landscape and the language of Janácek’s Hukvaldy and Moravia have also been imprinted in the very souls of the artists who have recorded this album, focusing on the purity of folk songs, reflecting simple directness and enchanting poetics.
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