Engagé en 1736 comme joueur de «contra violon» (contrebasse ou violone) dans l’orchestre privé du Prince héritier de Prusse Frédéric à Rheinsberg, le silésien Johann Gottlieb Janitsch (1708-1763) nous est connu jusqu’à présent essentiellement par les 3 très beaux Cds de quatuors parus récemment chez ATMA Classiques. C’est le défrichement de ce répertoire fascinant que poursuit chez CPO l’ensemble Epoca Barocca, qui a déjà à son actif plusieurs résurrections de contemporains de Janitsch, dont son collègue Schaffrath, mais aussi Heinichen, Stölzel, Fasch ou l’incontournable Telemann, dans des œuvres de chambre peu ou pas connues. Avant même que son employeur ne devienne le roi Frédéric II en 1740, et en marge de son activité strictement professionnelle, Janitsch avait initié dès 1738 une «Académie» chaque vendredi à son domicile à Berlin, où le rejoignaient, outre ses collègues, des amateurs de haut niveau, tant aristocratiques que bourgeois. Janitsch a composé abondamment pour ces soirées musicales, en privilégiant la forme du quatuor à 3 instruments mélodiques et continuo.On a retrouvé jusqu’à présent 40 de ces œuvres (et non 27 comme indiqué dans le livret), un grand nombre d’autres étant jusqu’à présent introuvables. Certaines ont été publiées du vivant du compositeur, ce qui témoigne de leur succès au-delà du cercle des « Académies » du vendredi.On remarque dans une forte majorité d’entre elles une préférence marquée pour le hautbois en tant que 1er soliste (due à la participation passionnée du hautboïste amateur virtuose Johann Christian Jacobi, et peut-être du hautboïste de la cour, Czarth), et pour l’alto comme troisième instrument mélodique, fait suffisamment rare et insolite à cette époque pour mériter d’être souligné (certains des quatuors requièrent même l’utilisation de 2, voire 3 altos ! ! !). La prédilection de Janitsch pour le timbre sombre et velouté de cet instrument éclate dans la sonate en ré majeur avec clavecin obligé (en fait un trio), qui avec les deux sonates suivantes diversifient ce programme. Si la sonate en ré mineur (à 2 violons) nous ramène à l’époque et au style de Corelli, le dernier trio en sol mineur, pour hautbois et violon, renoue, en 3 mouvements, avec le style galant qu’il partage avec toutes les autres œuvres enregistrées ici. On retrouve à l’écoute de ces délicieuses redécouvertes le brio, le style impeccable et la finesse d’exécution que les solistes d’Epoca Barroca ont brillamment démontré dans leur accomplissements précédents. (Jean-Michel Babin-Goasdoué) "He was a good contrapuntist, and his quartets currently continue to be the best models of this style". When the composer Johann Wilhelm Hertel wrote these laudatory words in 1784, the musician on whom he lavished this praise had been dead for more than twenty years – a long time, when one bears in mind that musical taste underwent an enormous change during the second half of the eighteenth century. The "good contrapuntist" was Johann Gottlieb Janitsch, by trade one of the "first chapel servants" of Frederick the Great. Following his father’s wishes, Janitsch initially studied law at the University of Frankfurt an der Oder but even here already received his first commissions to write festive compositions. Beginning in 1736 he was a chamber musician under Crown Prince Frederick at Rheinsberg Castle, where he founded a "Musical Academy", which he then later continued in Berlin. Numerous manuscripts have survived in the Archive of Berlin’s Singakademie, once again available since 1999, and some of the works recorded here are transmitted solely in the archival materials of the Singakademie. Today they once again offer us a vivid impression of the highly cultured and innovative spirit that must have animated Janitsch’s musical academies.
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