Les danses bariolées, le chant déboutonné de "Schwanda le fifre" firent la réputation univoque de Jaromir Weinberger, il en tira une suite d’orchestre que Karl Heinz Steffens magnifie ici dans une lecture éclaboussante de rythmes et de couleurs. Il ne faudrait pas qu’elle dissimule la vraie merveille de ce disque précieux : les "Six Chants et Danses de Bohème" sont l’envers des décors typiques de "Schwanda". Jaromir Weinberger y abandonne sa plume faussement populaire pour composer un orchestre infiniment subtil où le violon solo n’est plus celui d’un tzigane de cabaret mais d’un pâtre. Quel opus magnifique, comme une célébration intime de toute ces musiques populaires d’Europe centrale que Bartók herborisait alors. L’orchestre savant de Weinberger n’est pas sans rappeler celui de Dohnanyi, rejetant les effets factices pour trouver la vraie lyrique de ses musiques subtilement décalquées de leurs modèles populaires. L’ajout de l’Ouverture pour « La Voix aimée », avec son mouvement tourbillonnant qui semble citer celle de "La Fiancée vendue" rappelle que Weinberger vécut toujours dans cet éden sonore de l’Empire perdu. Sa nostalgie aura fini par le tuer dans le grand soleil de son exil floridien, préférant le sommeil du véronal à ce nouveau monde dont il n’avait que faire. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Voilà quelques belles raretés du compositeur tchèque Weinberger dont le catalogue est essentiellement dédié à l’orchestre. Disciple, entre autres, de Vaclav Talich, Vitezslav Novak et Max Reger, il quitta sa patrie en 1938 et, l’année suivante, il s’installa définitivement aux Etats-Unis. Tout comme Dvorák et Martinu, il souffrit du mal du pays. Une souffrance qui le conduisit au suicide en 1967. Son opéra Schwanda, le joueur de cornemuse demeure sa partition la plus célèbre (E. Kleiber et Krauss le dirigèrent avant-guerre). Les extraits symphoniques témoignent d’une superbe écriture lyrique. Mahler est ainsi convié dans l’ouverture, mais aussi Smetana, Dvorák dans les danses successives (odzemek, furiant, polka). L’orchestration est luxueuse, parfois un peu nonchalante. On sent que l’écriture (1927) est aussi influencée par l’opérette des années vingt. Une habileté que Weinberger saura utiliser dans ses partitions américaines tardives. Cette écriture « à fleur de peau » passe en quelques mesures du sentiment héroïque à la complainte, de l’agressivité à la dépression. Plus charmants encore, Six Chants et danses de Bohème (1929) ressemblent à une suite de miniatures alternant violon et piano concertants. Les éléments empruntent à la fois à l’univers tsigane, à la musique klezmer, à l’office chrétien (orgue), mais avec une modernité d’écriture qui n’a rien à envier à bien des B.O. de films actuels. The Beloved voice – la voix amoureuse – de 1931 est un hommage à Smetana. Une ouverture virtuose du plus bel effet et hors de son temps. (Jean Dandrésy) Jaromír Weinberger’s »one-hit wonder« was definitely his opera Schwanda, the Bagpiper. Two thousand performances of this opera were held within four years, and it was translated into seventeen languages. Weinberger’s score is rich in symphonic orchestral numbers that we now have brought together on this CD. Already the virtuoso overture reveals between just what musical extremes Weinberger found his unique place. Here Smetana and Max Reger meet, and it was with Reger that Weinberger had studied in 1915/16. The dances also convey Bohemian burlesque wit and late-romantic harmonic spice. The two works following the excerpts from Schwanda were composed in 1929, directly after the great boom of Weinberger’s opera success and in its shadow. The six Bohemian Songs and Dances striking subtler musical tones and the overture to the opera The Beloved Voice make us eager to learn what is coming next.
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