On ne sait plus rien de Jean Louis Nicodé, patronyme à consonance française d’un compositeur absolument allemand, sinon qu’il dérangea plus qu’il n’arrangea l’Allegro de concert de Chopin. Ses œuvres pianistiques valent mieux que cette tambouille, même si le premier opus de cet album, les "Andenken an Robert Schumann", sacralise un modèle. Les harmonies de Nicodé sont souvent émouvantes, il est plus à l’aise dans le bref que dans la grande forme et d’ailleurs les Variations op. 18 sont aussi à leur manière une suite de vignettes que Simon Callaghan joue avec plus de poésie que de brio. À la fin de l’album parait un cahier merveilleux, comme hors du temps, d’une délicatesse infinie que le pianiste pare de teintes choisies, caresse d’un toucher adamantin. Ce Liebesleben est évidemment aussi schumanien, mais plus subtilement détaché de son modèle, le piano y chante comme une cantatrice ce que Nicodé indique comme des « Poësieen » et là le toucher subtil de Simon Callaghan fait mouche, rendant justice à ce talent discret. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Pianiste, chef d’orchestre et compositeur, Jean-Louis Nicodé fut l’une des figures majeures de la vie musicale de Dresde à la fin du XIX° siècle. Il demeure encore aujourd’hui souvent cité dans les histoires de la musique pour deux partitions monumentales, sa cantate « Das Meer » (1889) et surtout sa démesurée symphonie « Gloria ! ein Sturm und Sonnenlied » pour soliste, chœurs et orchestre dont la durée dépasse largement deux heures et bat en gigantisme la 3° symphonie de Mahler et la 1° de Havergal Brian. Mais cette page totalement hors norme n’a encore jamais fait l’objet d’enregistrement. Plus modestement, le pianiste James Callaghan se penche sur deux cycles très inspirés de Schumann au point de frôler le pastiche, en particulier les « souvenirs de Robert Schumann » opus 6 dédiés à Clara et sur un ensemble de neuf variations et une fugue sur un thème original d’une très belle tenue. Belle découverte, superbement illustrée d’un tableau de Fernand Knopff, mais qui fait de Nicodé un petit maître du piano. Ces piécettes ne laissent pas deviner que le compositeur fut aussi ce démiurge capable d’écrire une symphonie totalement folle qu’Oscar Fried qui la créa en 1904 estimait hautement. Espérons donc que Das Meer et Gloria suivront ce CD apéritif… (Richard Wander) Felix Draeseke’s description of Nicodé as ‘morea moderate progressive than a cacophonist’—in contrast to his younger contemporary Richard Strauss—may have been intended as acompliment, but doesn’t begin to do justice to this profoundly enjoyable music, its several influences (most notably Schumann) never far away.
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