On n’a quasiment que ces quatre Suites (ou Ouvertures) coulées de la plume de Johann Bernhard Bach et quelques œuvres vocales, mais elles sont merveilleuses d’invention poétique, absolument française de ton, de mélodies, de rythmes. L’Achéron les avait habillées de couleurs versaillaises, les Thuringeois les joue plus Telemann, avivant les rythmes, les dansant, savourant des alliages instrumentaux plus âpres, jouant plus sur la corde, ce qui convient aux danses vives, mais moins aux Ouvertures qui pourraient s’étendre plus en majesté, aux Airs auquel manque parfois de la volupté. Mais Dieux que ces musiques sont belles, et touchantes, au point qu’elles accueillent sans pâlir toutes les options interprétatives. La plus belle des Suites dans cette lecture vive ? La Quatrième, vrai concert des Gouts réunis que les amis du Thüringer Bach Collegium détaillent soudain avec des gourmandises qui leur auront un peu manqué pour les trois autres. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) En 2016 François Joubert Caillet et son ensemble L'Achéron, nous avait fait découvrir une série d'Ouvertures de Johann Bernhard lointain cousin de Jean Sébastien, disciple de Pachelbel et qui fut un temps à la cour d'Eisenach. Le Thüringer Bach Collegium leur emboîte aujourd'hui le pas avec ces quatre Suites d'orchestre composées autour de 1730 et dont on doit la pérennité grâce aux copies de Carl Philip Emmanuel et de son père. Leur style bigarré relève avant tout de la musique française du Grand Siècle avec ces ouvertures fuguées en deux ou trois parties et ces danses (Rigaudons, Loure, Gavottes en rondeaux) aux titres évocateurs (Les Plaisirs, la Tempête, La Joye) mais on y reconnaît aussi les attributs du Concerto Grosso italien et ces fameux goûts mélangés où lisibilité polyphonique, rusticité, galanterie et bizarreries alla Telemann font bon ménage. Les onze instrumentistes chevronnés du Thüringer Bach Collegium nous font partager cette musique avec fraîcheur, éloquence et franche convivialité (Les cordes « battues » de La Joye plage 29). Saluons un minutage généreux (dépassant les 80 minutes) et pas une once d'ennui ! (Jérôme Angouillant) Johann Bernhard Bach’s four Orchestral Suites, composed for the court orchestra of the cultured duke of Saxony-Eisenach, are amongst the most varied and sophisticated musical works of the high baroque period in Middle Germany. It was not by chance that Georg Philipp Telemann, a one-time Kapellmeister at Eisenach, commented retrospectively: “I have to praise this orchestra, arranged for the most part according to the French style, for it surpassed the very famous Parisian opera orchestra.” From 1703, Johann Bernard Bach was engaged as harpsichordist in this noble orchestra. His Orchestral Suites provide the only surviving “soundtrack” of the illustrious musical life at the Eisenach court during the 1710s and 20s. And what a soundtrack: cosmopolitan, and truly European, with sparkling virtuosic brilliance, as if written by a fiery Italian, whilst displaying the elegant taste of a noble Frenchman. In other words, the “mixed taste”, for which the best German composers of the late baroque period were famous, in its finest form. Little wonder then that Johann Bernhard Bach’s suites became core repertoire for Johann Sebastian Bach’s Leipzig Collegium Musicum, also influencing his compositions. All this provides sufficient motivation for the Thuringian Bach Collegium to continue their exploration through the Middle German courts for their second CD recording and, with unbridled enthusiasm in their musicmaking, to bring these jewels of the early Thuringian orchestral music back to life. Bon Appétit!
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