Malgré une vie brutalement interrompue par la maladie, le compositeur et Prince Johann Ernst von Sachsen Weimar (1695-1715) connut une carrière notoire de commanditaire de musique et de compositeur. Jeune, il apprend le violon et voyage d'Utrecht à Düsseldorf en passant par Amsterdam. Villes où il découvre la musique italienne, notamment celle de Vivaldi et ses concertos pour violon dont il rapportera les partitions à Weimar. Il apprendra ensuite la composition, le clavecin et l'orgue auprès de Johann Gotffried Walther, organiste dans cette même ville et transcripteur de nombreux concertos de Bach pour clavier. Bach arrangera lui-même un grand nombre de concertos italiens et allemands dont ceux de Johann Ernst. Ce dernier fut dit-on un grand virtuose du violon et un claveciniste émérite mais sa musique lui valut surtout l'admiration de Bach et de Telemann qui publia ses concertos à titre posthume en guise d'hommage. La musique de ce compositeur surnommé le « Vivaldi de Thuringe » constitue un bel exemple de la vogue italienne qui sévissait au Red Castle de Weimar vers 1713, À travers le maillage des quelques influences collatérales on déniche un vrai tempérament. Maîtrise du contrepoint, traits virtuoses, épisodes lyriques et plus contemplatifs, et même un humour discret comme si le prince nous faisait un clin d’œil en pastichant Vivaldi et ses contemporains : Walther en premier qui lui enseigna l'essentiel, Telemann que l'on retrouve dans ces goûts arrangés. Germot Sussmuth et son Thüringer Bach Collegium ensemble de haut vol sur instruments baroques, ont ajouté au recueil de concertos un Concerto pour deux violons et un furtif et rutilant Concerto pour trompette. Ce disque nous régale de bout en bout. (Jérôme Angouillant) Le prince Johann Ernst IV de Sachsen-Weimar naît le jour de Noël 1696. Il est le dernier enfant et plus jeune fils du duc Johann Ernst III, artiste, ami des arts, mais qui meurt prématurément d'alcoolisme en 1707, âgé de seulement 42 ans. Il était co-régent du duché avec son frère aîné Wilhelm Ernst, un puritain psychorigide qui désapprouve ses goûts (et ses dépenses) artistiques, tout en assumant la réalité du pouvoir. Les deux fils du défunt, notre compositeur et son demi-frère Ernst August (né en 1688 d'un premier mariage de leur père) cohabitent à Weimar au « Palais Rouge ». Johann Ernst a pour passion principale la musique. Très précocement doué, il reçoit très tôt des leçons de clavecin de Johann Gottfried Walther, organiste de la ville depuis 1707, cousin de Johann Sebastian Bach. Ce dernier est organiste de la cour dès 1708, c'est un familier du palais et des princes. Il apprend simultanément le violon avec Gregor Eylenstein, premier violon de l'orchestre de la cour, se révèle très brillant sur ce dernier instrument. En 1712, il entreprend son « Grand Tour », qui le mène en Belgique et aux Pays Bas, où il se procure une énorme collection d'œuvres musicales auprès des éditeurs, dont l'Estro Armonico de Vivaldi, publié l'année précédente. Rentré à Weimar l'année suivante, lui-même et son entourage musical font leur miel de cette manne. Une véritable « Vivaldi-mania » s'instaure à Weimar, JS Bach transcrit à tour de bras, Walther encore plus, des concertos italiens pour cordes en œuvres pour clavier. C'est dans cette atmosphère de découverte frénétique que naissent les concertos du très jeune compositeur, très marqués par leur modèle, mais aussi par Telemann, rencontré en 1714 lors de cures thermales. Le jeune homme est en effet atteint d'une tumeur à la hanche et la cuisse qui, atteignant l'abdomen, va l'emporter en Août 1715, âgé de 18 ans à peine. En 1718, Telemann, très admiratif du talent éclatant du prince trop tôt disparu, publie 6 de ses concertos dans une magnifique édition en hommage à ce météore.... (Jean-Michel Babin-Goasdoué) The violin concertos of Prince Johann Ernst IV of Sachsen-Weimar were significantly influenced by Bach, Telemann and Walther. The results are unmistakeably Italianate – baroque delights, composed by the “Thuringian Vivaldi” who died far too early.
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